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Micro européen. En ce 9 mai 2020, l'Union européenne fête ses 70 ans

Le 9 mai 1950, la déclaration Schuman signait l’acte de naissance de la construction européenne.  

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
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Robert Schuman, le ministre français des Afffaires étrangères, le 9 mai 1950, annonce le plan de création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier au quai d'Orsay à Paris. (DPA / AFP)

C’était la première marche de l’Europe, la création de la CECA, la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Date aujourd’hui symbolique dans cette crise du Covid-19.

À la veille du déconfinement, Micro européen est consacré à cet anniversaire, avec Henrik Uterwedde de l’Institut franco-allemand de Ludwisburg, afin d’imaginer la suite, quand on sait que le Covid-19 a aussi "secoué" les Institutions européennes, faisant apparaître une nouvelle fois la fracture nord-sud concernant les "coronabonds", c’est-à-dire la mutualisation des dettes, et la levée de fonds sur les marchés à taux d’intérêts harmonisés.  

Une crise de plus  

Cette crise sanitaire suivie d’une crise économique a révélé les faiblesses du projet européen, à travers les différences d’approche de l’épidémie par les États membres et le principe de solidarité.

Face à la crise épidémique, un accord a été trouvé au sein du Conseil européen, heureusement, avec trois décisions, le déblocage de 240 milliards d’euros de prêts, 100 milliards pour soutenir la question du chômage partiel, et par la Banque européenne d’investissement, 200 milliards d’euros pour les entreprises, soit une enveloppe de 540 milliards d’euros. Une enveloppe bien venue, mais encore faible, quand le FMI annonce que le PIB de la zone euro pourrait diminuer de 7% en 2020.

La crise aurait pu être beaucoup plus grave au sein des institutions européennes si les États scandinaves et les Pays-Bas avaient continué à bloquer le mécanisme européen de stabilité qui aurait provoqué une crise au sein de la crise, en commençant par des défauts de paiement des États membres du Sud de l’Union. Mais rien n’est encore réglé.  

L'Union européenne a 70 ans aujourd'hui.  (MAXPPP)

Un manque de solidarité ?

C’est ce qui est ressorti des derniers événements entre les États membres et l’Union ; ce qui a amené la Présidente de la Commission européenne à présenter ses excuses aux États membres du Sud, les plus touchés d’ailleurs par l’épidémie, sauf la Grèce qui, dès le début, a pris les mesures nécessaires et dont le gouvernement a été suivi par l’ensemble de la population. Ce qui fait qu’aujourd’hui la Grèce, pays de plus de 10 millions d’habitants connaît 2 678 cas de Covid-19 déclarés, 148 décès, soit 14 décès par million d’habitants.

Mais au-delà, c’est un manque de solidarité spontanée qui a été remarqué en Europe, et aussi plus d’égoïsme et de recentrage national. Ceci explique peut-être cela, dans le fait que le citoyen européen s’estime encore bien trop éloigné du fonctionnement des institutions européennes, donc aussi des décisions communautaires. C’est la raison pour laquelle on voit émerger les populismes eurosceptiques, car il faut le dire, la "machine" européenne n’est pas populaire, voire ignorée.

Hormis Erasmus, qui connaît depuis sa création un franc succès chez les jeunes, il faudrait d’autres programmes comme ce dernier, pour faire revenir dans le giron de l’Union des citoyens européens qui se considèrent aujourd’hui comme délaissés, voire inexistants, par les institutions européennes.  

Plus d’Europe pour l’avenir ? 

Plus d’Europe pour l’avenir passera par plus "d’humain". L’Europe ne doit pas être seulement un "grand marché", une puissance économique qui ne tient pas assez compte du demi-milliard de citoyens de l’Union. Après 70 ans d’existence, des crises passées, et des crises à venir, dont celle du Covid-19, suivie d’une crise économique qui touchera l’ensemble des Européens, c’est plus d’humain qu’il faut aujourd’hui dans le fonctionnement des institutions européennes, moins de technocratie, et plus d’invitations aux Européens de participer d’une façon ou d’une autre aux projets de l’Union.

C’est la raison pour laquelle dans la décennie à venir, les États membres, les institutions et les élus européens devront faire preuve de plus d’imagination, d’empathie et de communication, en libérant la parole de leurs électeurs, qui en ont fortement besoin. L’Europe ne doit plus être une question de "sachants à sachants", "d’experts", mais une invitation commune à créer l’avenir ensemble, parce que les Européens ont une histoire commune, des racines communes et des valeurs communes.

Le défi à relever est énorme pour les institutions européennes, mais plus de solidarité visible gommera les égoïsmes et le repli sur soi, conséquences d’une certaine surdité des décideurs européens.

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