On s'y emploie. Comment conserver l'agilité acquise pendant la période de confinement
Pendant ces deux mois, souvent en télétravail, on a pu expérimenter de nouvelles méthodes, apprendre à utiliser de nouveaux outils. Qu'est-ce que ça dit de notre faculté d'adaptation ? Et comment peut-on conserver ces nouvelles bonnes habitudes ?
Evelyne Stawicki est coach, psychologue du travail, professeur à l'ESCP Europe. Le déconfinement a été une source d'adaptation accélérée au télétravail et aux nouveaux outils et méthodes. On a appris à être agile.
franceinfo : pendant deux mois de télétravail, souvent de débrouille, finalement, on a appris à être agile ?
Evelyne Stawicki : Tout à fait. Enfin, ce mot, un peu conceptuel, dont tout le monde se gargarise sans vraiment savoir ce qu'il signifie, on a pu l'expérimenter réellement dans les entreprises. J'ai beaucoup entendu cette réflexion ces dernières semaines, de la part de salariés ou de managers ou de directions d'entreprises qui ont dit, c'est incroyable, nous avons été capables de réaliser des choses, en quelques semaines, qui auraient été inimaginables en période normale. Par exemple, le télétravail, certaines entreprises ne l'avaient jamais mis en place. Il l'a été en quelques jours. Ça c'est de l'agilité !
Comment conserver cette agilité ?
Nous avons gagné en quelques semaines des années d'efforts. On peut parler de la dématérialisation, de l'adaptation aux outils digitaux, de la part des clients comme des salariés, on a inventé des formes de travail différentes. Le risque pourrait être que nous retombions dans nos anciens travers.
On sait que les entreprises ralentissent leur productivité, du fait de la lourdeur de leurs process, de la hiérarchie, qui ne délègue pas, du manque d'autonomie accordée aux acteurs de terrain, des contrôles à n'en plus finir, qui sont imposés sous prétexte de risques qui sont, au fond, marginaux. Le monde de l'entreprise est un monde de paralysie et de lourdeur, et le vrai enjeu des prochaines semaines, ça va être de préserver notre agilité et notre capacité à aller à l'essentiel.
Les réunions, en particulier, ont pris un coup de vieux ?
En télétravail, ça a été encore plus fatiguant d'être en réunion toute la journée devant son ordinateur. Il va falloir développer la délégation voire la subsidiarité, redonner de l'autonomie aux acteurs de terrain, clarifier les périmètres et les rôles de chacun. On doit se poser tous la question : comment je peux faire mieux mon travail, comment avoir plus de valeur ajoutée, en simplifiant ma manière de travailler, en allant à l'essentiel.
Plus de délégation et de confiance ?
Plus de capacité à ranger, à nettoyer et à simplifier. On doit tous se poser la question : qu'est-ce que je suis en train de faire, est-ce que c'est bien nécessaire, est-ce que c'est le plus rapide, est-ce que ça a une vraie valeur ajoutée, qu'est-ce que je peux réduire, qu'est-ce que je peux supprimer, qu'est-ce que je peux simplifier. On a alors de formidables pistes d'agilité.
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