Organisation du travail : "Il y a une remise en cause qui est plus ou moins profonde sur la façon dont on travaillait avant", estime un sociologue
François Dupuy a étudié les bouleversements vécus par les millions de Français qui télétravaillent depuis deux mois.
Après plus de deux mois de confinement, les Français ont dû s'adapter, notamment en matière de travail. Le sociologue François Dupuy va publier une étude sur les enseignements du confinement dans le secteur tertiaire. "Il y a une remise en cause qui est plus ou moins profonde sur la façon dont on travaillait avant", a-t-il expliqué vendredi 1er mai sur franceinfo.
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franceinfo. Qu'en est-il dans les entreprises ? Quel est l'impact pour les salariés ?
Fançois Dupuy. Certaines avaient déjà une bonne habitude du télétravail et d'autres se sont trouvées confrontées à cette activité dont elles n'avaient pas l'habitude. Pour comprendre l'impact du télétravail, il faut se demander comment les Français vivent ce confinement. Plusieurs études montrent que, globalement, les Français vivent bien ce confinement. Chacun se définit par rapport à l'image de la famille avec des enfants dans un petit espace et met en avant ses avantages.
Le premier bouleversement du télétravail est le temps retrouvé. Les salariés se rendent compte qu'il peut y avoir une autre utilisation du temps, y compris du temps de travail, comparée à celle qu'ils avaient précédemment. Ces gens qui sont en télétravail découvrent une forme de simplicité dans les relations de travail et dans la façon d'exécuter ses tâches.
Qu'en est-il du rapport avec les collègues de travail ?
D'un certain point de vue, la distance géographique est compensée par une plus grande fréquence des relations et une plus grande proximité dans ces relations. Par le télétravail, on ne peut pas prendre toutes les précautions pour se parler, il faut aller vite, et en même temps on est tous dans le même bateau, on subit tous la même chose, donc ça rapproche les gens.
Que va-t-il se passer après ?
Les entreprises vont-elles accepter soudain d'avoir perdu cette part de contrôle qui permettait de réglementer tout ce que faisaient les gens ? Les "process", les règles, les procédures... Les enquêtes montrent qu'il y a des gens qui trouvent que le télétravail est vraiment bien et qui aimeraient continuer au moins trois jours par semaine, d'autres ne veulent pas retourner au travail. Il y a une remise en cause qui est plus ou moins profonde sur la façon dont on travaillait avant, la perte de temps dans les réunions, les transports, notamment. Les Français ont aussi l'impression de travailler mieux.
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