Covid-19 : quels ont été les effets du pass sanitaire sur la santé et l'économie en France ?
Le Conseil d'analyse économique a publié un rapport dans lequel il évalue l'impact de l'instauration du pass sanitaire en France. Franceinfo a listé trois effets de cette mesure.
Des conséquences sanitaires mais aussi économiques importantes. Le Conseil d'analyse économique a évalué, dans un rapport (PDF) publié mardi 18 janvier, l'impact de l'instauration du pass sanitaire sur l'évolution de l'épidémie de Covid-19 ainsi que sur l'économie française. Pour parvenir à ces conclusions, le CAE a modélisé "ce que la dynamique de vaccination aurait été sans la mise en place du pass". "On s'attendait à un effet mais il est plus important que prévu", a reconnu le mathématicien-économiste Miquel Oliu-Barton, co-auteur de cette étude, sur franceinfo. Voici cinq chiffres qui révèlent les répercussions de la mise en place de ce dispositif – lequel sera bientôt remplacé par un pass vaccinal.
1Un taux de vaccination qui bondit
Le pass sanitaire a d'abord eu pour effet d'inciter les Français à se faire vacciner contre le Covid-19. Sans le pass sanitaire, "le taux de vaccination aurait été de 65,2% contre 78,2%", note le rapport du Conseil d'analyse économique. Son instauration a donc permis de faire progresser le taux de vaccination de 13 points.
D'après les calculs du CAE, c'est en France que l'effet du pass sanitaire a été le lus fort, en comparaison avec l'Allemagne ou à l'Italie, où il a aussi été mis en place à l'été 2021. Outre-Rhin, le taux de vaccination aurait été de 67,3% sans pass sanitaire alors que le taux de vaccination observé y est de 73,5%. En Italie, l'augmentation du taux de vaccination due au pass sanitaire est de 9,7 points, avec un niveau de vaccination de 80,1% contre 70,4% si ce dispositif n'avait pas été appliqué.
Cette différence entre la France et ses voisins allemand et italien serait due à un stratégie de communication "moins claire", des "restrictions d’activités sans pass moins fortes" et une "mise en place moins centralisée" par rapport à la France, estime le Conseil d'analyse économique.
2Des milliers d'hospitalisations évitées
Si la campagne de vaccination n'avait pas été boostée par le pass sanitaire, le nombre d’admissions à hôpital à la fin de l'année 2021 aurait été environ 31% plus élevé en France, selon les auteurs du rapport. Le Conseil d'analyse économique estime ainsi qu'il a permis d'éviter 32 065 hospitalisations.
L'instauration du pass sanitaire a aussi réduit le nombre de patients en soins intensifs en raison du Covid-19. Selon le CAE, ce dernier aurait été "environ 45% supérieur à ce qui a été observé avec le pass sanitaire" fin 2021. Une différence qui "n'est pas anodine", pointe le rapport, puisqu'elle "aurait entraîné des niveaux de pression hospitalière au‐dessus des seuils atteints lors des confinements précédents".
Enfin, les auteurs du rapport estiment que le pass sanitaire a permis d'éviter 3 979 décès en France. A la date du 17 janvier, Santé publique France recensait 127 263 décès dus au Covid-19 depuis le début de l'épidémie.
3Environ 6 milliards d'euros sauvés
L'instauration du pass sanitaire a donc évité de dépasser les seuils d'occupation de ces lits, un des indicateurs utilisés par le gouvernement pour décider des précédents confinements. Et cette pression limitée sur les services de réanimation a permis, selon le Conseil d'analyse économique, de ne pas prendre de mesures plus strictes pour freiner l'épidémie, ce qui aurait eu "des conséquences économiques et sociales importantes".
Là encore, en comparaison avec l'Allemagne et l'Italie, c'est en France que le pass sanitaire a eu le plus de répercussions, "en permettant aux personnes vaccinées d'avoir, avec moins de risque, davantage d'interactions sociales et économiques et indirectement en réduisant la nécessité de restrictions mises en place par les autorités".
A la fin 2021, sans le pass sanitaire, le PIB hebdomadaire aurait été 0,6% plus bas en France, 0,3% plus bas en Allemagne, et 0,5% plus bas en Italie. Ce qui correspond, pour le second semestre de 2021, à des pertes d’environ 6 milliards d’euros en France, 1,4 milliard d'euros en Allemagne et 2,1 milliards d'euros en Italie.
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