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"Je demanderai une ordonnance à mon médecin pour me faire tester" : opposés au pass sanitaire, ils racontent leur quotidien face à un dispositif appelé à durer

Les tests de détection du Covid-19 ne seront plus gratuits à partir du 15 octobre, et l'exécutif s'est accordé la possibilité de prolonger le pass sanitaire jusqu'au 31 juillet 2022. Franceinfo a recueilli les témoignages de plusieurs anti-pass, qui ne désarment pas.

Article rédigé par Charles-Edouard Ama Koffi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un pass sanitaire sur un smartphone, à l'entrée d'un restaurant. (MATHIEU THOMASSET / HANS LUCAS)

"L'épidémie n'est pas derrière nous." Olivier Véran a fait ce rappel, sur franceinfo, mercredi 13 octobre, pour justifier la prudence du gouvernement à lever toutes les mesures pour réguler l'épidémie de Covid-19. Le ministre de la Santé était l'invité de l'émission matinale à quelques heures de l'examen par le Conseil des ministres de la possibilité de prolonger le pass sanitaire.

Utilisé depuis juillet, ce pass est prévu pour durer jusqu'au 15 novembre, sauf en cas de nouvelle vague épidémique. Pour anticiper ce cas de figure, le gouvernement s'est laissé la possibilité de le prolonger jusqu'au 31 juillet prochain. Comment vivent ceux qui ont toujours refusé la vaccination face à cette éventualité et à deux jours de la fin de la gratuité des tests PCR ? 

"J'ai Netflix à la maison"

Pour la première fois, Aurélie*, 54 ans, va obtenir un pass sanitaire, le 2 novembre prochain, pour un rendez-vous médical à l'hôpital. Jusqu'à présent, elle n'a jamais fait le moindre test PCR, antigénique ou salivaire, et n'a pas été vaccinée contre le Covid-19. Elle a manifesté son opposition au pass sanitaire à Toulon (Var), éphémère capitale de la lutte contre son instauration cet été, ou à Brignoles, dans le même département. "Ils ont créé quelque chose sans précédent avec ce pass sanitaire. Demain, on va montrer du doigt ceux qui ne font pas comme les autres, c'est ça ?" Depuis l'instauration du pass dans les restaurants, Aurélie n'y est allée que deux fois. "On ne m'a pas demandé le pass, heureusement. Autrement, je mange à la maison dans mon grand jardin et j'invite des amis", explique-t-elle. 

Quid des grandes surfaces qui demandent le sésame pour entrer ? "Je les évite, je vais plutôt dans les petits commerces", répond cette enseignante dans un lycée professionnel du Var. Les salles de sport ? "Heureusement, celle dans laquelle je vais ne me le demande pas." In fine, l'été et la rentrée se sont bien passés. "Je ne me suis pas sentie privée, assure-t-elle. Au début, j'étais révoltée et dans la colère et maintenant, je passe à autre chose, même si j'estime que la prolongation du pass sanitaire est un abus."

Véronique a aussi choisi cette vie sans pass sanitaire. "Cela me va de ne pas aller au cinéma, j'ai Netflix à la maison", glisse cette esthéticienne de 49 ans, habitante du Cannet (Alpes-Maritimes). Pour elle, l'instauration du pass sanitaire est difficile à digérer. "On ne peut plus aller au restaurant ou au musée parce qu'on n'est pas vacciné... Vous vous rendez compte où nous sommes ? Ils peuvent le prolonger jusqu'en 2030 s'ils veulent, je ne me ferai pas vacciner."

"Je ne paierai pas" pour un test

Même si Wladimir, un photographe varois de 60 ans, estime que cette vie sans pass sanitaire "ne [le] dérange pas plus que ça", il espère que "les députés mettront fin à cette hérésie". Pourtant, les élus ne sont pas appelés à se prononcer sur ce texte. Seul un rapport, au plus tard le 28 février 2022, est prévu au Parlement. Depuis le mois de juillet, Wladimir se fait tester en cas de besoin dans une pharmacie à "200 mètres" de chez lui. A partir de vendredi, les tests PCR seront facturés à hauteur de 44 euros pour les personnes majeures non vaccinées et sans ordonnance tandis que les tests antigéniques seront, eux, fixés à 22 euros minimum. Cela ne change rien pour lui, qui a déjà élaboré un plan. "Je ne paierai pas pour me faire tester, assure-t-il. Je ferai comme la plupart des Français non vaccinés, je demanderai une ordonnance à mon médecin."

Une option également privilégiée par Véronique. "J'irai voir mon médecin traitant et je lui demanderai une ordonnance pour me faire tester." Pour autant, pas question pour elle de frauder. Le gouvernement a durci mercredi les risques pour les détenteurs d'un pass sanitaire frauduleux à un maximum de 5 ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amendes. "Je ne ferai pas de faux car c'est contre mes principes, mais je ne me ferai jamais vacciner pour autant. Tant pis, je suis une rebelle."

*Le prénom a été modifié à la demande de l'intéressée

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