Un discours "à la hauteur de la situation" : réactions après les annonces d'Emmanuel Macron pour relancer l'industrie automobile
Le plan de soutien à l'industrie automobile, annoncé par le président de la République, semble avoir satisfait les acteurs du secteur.
Emmanuel Macron a annoncé, mardi 26 mai, une enveloppe de 8 milliards d'euros pour aider la filière automobile, lourdement touchée par la crise économique liée à la pandémie de Covid-19. Le chef de l'Etat a aussi présenté une série de mesures, comme des primes à la conversion et aides à l'achat. Un plan qui n'a pas manqué de faire réagir spécialistes et associations.
"La partie qui concerne la demande était relativement attendue mais ce qu'il y a de plus intéressant, c'est tout l'effort industriel, l'effort de soutien à l'offre", a estimé sur franceinfo Bernard Jullien, économiste et spécialiste du secteur automobile. Il y a l'idée "qu'il faut peut-être profiter d'une activité qui va être un peu en berne dans les mois à venir pour hâter les mutations, pour faire de la formation, pour faire de l'investissement", ajoute Bernard Jullien, avec des dispositions qui vont permettre de "consolider la sous-traitance, de booster la recherche-développement et les investissements de l'avenir". Cela signifie selon lui qu'on entend préparer aujourd'hui "la phase suivante, l'électrification".
Des changements prévus et donc accélérés, "pour permettre de casser la dynamique de désindustrialisation qui se poursuit en France depuis presque 20 ans".
Des primes avec des "montants significatifs"
"Le discours du chef de l'Etat était à la hauteur de la situation extrêmement alarmante que nous connaissons depuis la survenance de cette crise", a réagi sur franceinfo Xavier Horent, délégué général du Conseil national des professions de l’automobile (CNPA). Sur le renforcement de la prime à la conversion et des bonus écologiques pour les véhicules électriques ou hybrides, Xavier Horent a salué une "action coup de poing avec des montants significatifs qui ont été revus et avec un élargissement des véhicules qui sont éligibles au dispositif".
Sur la prime à la conversion, il précise que "le dispositif est fait sur une période qui sera nécessairement très courte dans la mesure où ce sont les 200 000 véhicules qui seront achetés en premier qui sont concernés".
Il y avait une problématique de déstockage particulièrement importante pour pouvoir finalement rallumer le moteur de cette industrie particulièrement importante pour le pays.
Xavier Horent, délégué général du CNPAà franceinfo
Le délégué général du Conseil national des professions de l’automobile salue aussi l’ambition affichée par le chef de l’Etat de faire de la France le premier producteur mondial de véhicules électriques et hybrides "L'urgence, c'est sauver la filière, sauver des entreprises, notamment au niveau de la distribution automobile, mais pas que. Et en même temps, concilier cet impératif avec une stratégie mobilisatrice pour le pays, en particulier sur l'essor du véhicule électrique et des véhicules hybrides".
Un bémol sur la prime à la casse
Samuel Leré, responsable du plaidoyer à la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme, a de son côté dénoncé ce plan de relance pour la filière automobile, qui prévoit une prime à la casse aussi pour les véhicules neufs diesel et essence. "On ne peut plus mettre de l'argent public, surtout dans un tel moment, sur des véhicules qui continuent de polluer, d'aggraver la crise écologique", a-t-il réagi.
Néanmoins, Samuel Leré a salué la volonté du gouvernement de "relocaliser sur le véhicule électrique, donc de produire en France des véhicules électriques. Ça, c'est l'avenir effectivement du secteur automobile", a-t-il assuré. Une relocalisation qui concerne Renault et notamment le site de Cléon, en Seine-Maritime.
Selon lui, l’objectif principal doit être la réduction du parc automobile : "Il va falloir développer les alternatives, donc le train pour les grandes distances, mais aussi toutes les mobilités douces. Il va falloir absolument amplifier cela puisqu’à terme, si on veut respecter l'accord de Paris, il faudra qu'il y ait beaucoup moins de voitures."
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