Réouverture des cinémas le 22 juin : "On ne sait pas si le public va être au rendez-vous", interroge le syndicat des distributeurs indépendants
"On va au-devant d'une grande inquiétude", a indiqué Éric Lagesse, co-président du syndicat des distributeurs indépendants.
"Le vrai combat, c'est à partir du 22 juin", date à laquelle les salles de cinéma vont rouvrir en France, après plusieurs mois de fermeture en raison de l’épidémie de coronavirus, a affirmé Éric Lagesse, co-président du syndicat des distributeurs indépendants et président de Pyramide, une société de distribution de films, vendredi 12 juin sur franceinfo.
franceinfo : Dans quel état est votre société de distribution ?
Éric Lagesse : Les mesures gouvernementales, le chômage partiel notamment, nous ont permis de vivre dans une bulle très stressante, très angoissante parce qu'évidemment quand on ne maîtrise rien, c'est difficile. Mais le vrai combat, c'est à partir du 22 juin. Les salles rouvrent le 22 juin. On reprend une activité qui n'est pas encore normale, mais on reprend une activité. C'est un grand soulagement pour nous, mais on va au-devant d'une grande inquiétude, parce qu'on ne sait pas, en fait, si le public va être au rendez-vous. Et je souhaite de tout cœur qu'il y soit.
Canal + propose de ne pas diffuser de films le 22 juin, pour accompagner la réouverture des salles. Est-ce une bonne initiative ?
C’est une initiative formidable. Canal+, c'est la chaîne du cinéma. Canal+ a intérêt aussi à ce que les films marchent en salles. Il faut comprendre quand même que les films en salle sont une vitrine pour la télévision, c'est-à-dire qu’un film qui marche bien, un film dont on entend beaucoup parler, les gens ont envie de le voir huit mois plus tard sur Canal+. Donc, automatiquement, Canal est un partenaire cinéma. Mais moi, j'attends la même chose des télévisions publiques qui, elles aussi, ont intérêt à ce que le cinéma se passe bien. Mais aussi de Radio France, France Inter, franceinfo, qui sont des radios partenaires formidables pour les sorties des films. Il faut se mettre tous ensemble pour que le cinéma reprenne de plus belle.
Le groupe Canal réfléchit à une aide financière pour la filière cinéma. Le rebond du cinéma peut-il aussi venir de là ?
Toute aide financière est bonne à prendre. Mais c'est l'État qui doit statuer. Mon prochain film, je le sors le 1er juillet. Cela s'appelle Les parfums, avec Emmanuelle Devos et Gregory Montel. C'est une comédie "feelgood", donc c'est une comédie parfaite pour la reprise. Je devais la sortir le 25 mars. Je vais la sortir le 1er juillet dans des salles à capacité réduite. Dans beaucoup plus de salles, puisqu'il y a finalement peu d'offres. Les salles sont très demandeuses et moi, c'est l'inconnue totale. Donc, un film comme ça, s'il marche très bien, c'est formidable. Pas besoin d'aide. Mais si ce film-là ne marche pas, parce que les gens ne veulent pas repartir en salles ou qu'il est trop tôt pour eux, si j'essuie les plâtres, d'une certaine façon, j'ai besoin d'un soutien.
Le CNC est aussi financé grâce aux entrées que les spectateurs payent en allant au cinéma et non pas grâce aux impôts publics. C'est vraiment les spectateurs de cinéma qui financent le CNC. Le CNC, sans films, sans entrées pendant trois mois et demi, a un manque à gagner gigantesque. Donc toute l'année 2021 va être impactée par ça si le gouvernement ne fait pas un effort considérable pour la filière cinématographique.
Dans quelles proportions les tournages de films vont-ils reprendre ?
Je pense qu'il y a des tournages qui étaient presque terminés avant le confinement, qui vont se terminer d'une façon ou d'une autre. Ceux qui n'ont pas commencé, à mon avis, vont attendre un peu plus longtemps. L'année 2021, il faut en être conscient, va être une année beaucoup plus light en termes de films et de films du monde entier. Parce qu'évidemment, il y a des tas de films, dont des films français, qui n'ont pas pu être tournés.
Moi, j'ai un film français qui devait être tourné au Maroc, qui devait être prêt pour Cannes l'année prochaine. Il ne peut pas être tourné, donc il ne sera sans doute pas prêt pour Cannes l'année prochaine et il y a pas mal de films comme ça qui ont été repoussés. En tant que distributeur, j'avais douze films prêts pour Cannes 2020. Donc, il y a pas mal de ces films sur lesquels on s'est dit, avec les producteurs, réalisateurs et réalisatrices, qu'on allait attendre l'année prochaine. On va attendre des jours meilleurs.
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