"Si les gens retournent travailler le 11 mai, même avec des masques, ce ne sera pas suffisant" : l'angoisse des usagers des transports parisiens
Le trafic de la RATP devrait passer de 30 % à 70 % lors du déconfinement, le 11 mai. Le gouvernement n'a pas encore détaillé son plan, dont un grand volet concernera les transports en commun, mais les usagers et employés de la RATP sont peu rassurés.
Des quais de métro déserts, tout comme les rames. Seuls les hauts-parleurs crachent inlassablement le même message de prévention pour inciter les usagers à se tenir à distance. Masque sur le visage, Clémence presse le pas. "Je fais un trajet de six stations de métro pour aller chez ma soeur qui a un souci, il faut que j'ailler l'aider", explique-t-elle. Habituellement, Clémence évite de prendre le métro et elle ne croit pas à une reprise du trafic le 11 mai dans de bonnes conditions. "Ce ne sera pas possible. Il faut déjà voir le quai du RER qui arrive à la Gare du Nord tous les matins pendant le confinement, les gens qui viennent travailler à Paris n'ont absolument pas la possibilité de rester à distance les uns des autres", affirme Clémence.
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Pour pallier cette impossibilité de maintenir la distanciation sociale, le gouvernement envisage le port obligatoire des masques dans les transports en commun. Mais "encore faut-il en avoir", ajoute Clémence, qui se ne voit pas les fabriquer elle-même. "S'il n'y a pas de masque le 11 mai, ce sera remettre tout le monde en situation de refaire circuler le virus. Je ne sais pas quel genre de masques ils vont distribuer mais les masques en tissu n'ont pas fait preuve d'une totale efficacité. S'il y en a un par personne sachant qu'il faut les laver toutes les huit heures, je ne sais pas si les gens réussiront à le faire et ce n'est pas une solution à long terme", fustige Clémence.
Même avec un masque, Simon, lui, ne s'imagine pas dans la foule des 12 millions d’usagers habituellement accueillis quotidiennement par les transports en commun parisiens. "Le 11 mai, si les gens retournent travailler, même avec des masques, ce ne sera pas suffisant. S'il y a trop de monde j'envisagerais de passer à d'autres mobilités : vélo, tram, à voir".
La question du contact des usagers pour les agents
La présidente de la RATP, Catherine Guillouard, souhaite que le masque soit également obligatoire dans le tram. Elle aimerait que ses agents puissent sanctionner les contrevenants, ce à quoi s'oppose le syndicat Unsa-RATP. "Ce n'est pas à aux agents de vérifier si les voyageurs portent bien des masques. Nos collègues vont devoir aller à la rencontre de voyageurs sans masque, qui peuvent être porteurs du virus et les contaminer", argumente Bastien Berthier, conducteur de métro et membre de l'Unsa-RATP. D’autant que toutes les conditions à la reprise du travail des employés ne sont pas réunies, insiste le syndicaliste. "On demande des moyens de désinfection, des matériels roulants digne de ce nom, que tous les agents RATP soient dépistés pour éviter une deuxième vague", précise Bastien Berthier.
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