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Tests sérologiques : "Il faut absolument que les indications soient élargies, qu’on ne se contente pas simplement de dépister les patients dans un état pathologique"

Le président du syndicat national des biologistes, François Blanchecotte, rappelle qu'à ce jour, les tests sérologiques ne sont remboursables que sur prescription médicale.

Article rédigé par franceinfo
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Une infirmière prélève du sang en vue d'un test sérologique Covid-19, le 13 mai 2020, à Nancy (Meurthe-et-Moselle). (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

Alors que le gouvernement a annoncé que les soignants pourront avoir accès à des tests sérologiques du coronavirus Covid-19 dès la semaine prochaine, le président du syndicat national des biologistes François Blanchecotte déclare mercredi 20 mai sur franceinfo qu’il "faut absolument que les indications pour ces tests sérologiques soient élargies, qu'on ne se contente pas simplement de dépister les patients dans un état pathologique".

franceinfo : Le gouvernement annonce que des tests sérologiques seront disponibles pour tous les soignants dès la semaine prochaine. À quand des tests pour les simples citoyens ?

François Blanchecotte : L'arrêté qui va sortir va donner des indications très claires, très simples. Quand vous aurez subi un prélèvement nasopharyngé et qu'il sera négatif, vous pourrez avoir droit à une sérologie après. Les indications vont être multiples. Elles vont prendre en gros toutes les recommandations qu'a fait la Haute autorité de santé (HAS), à la fois des indications précises, d'une part l'annonce du ministre pour les soignants et peut être un soulagement aussi pour eux de voir éventuellement s'ils ont contracté ou non le virus, mais aussi, pour l'ensemble des Français, les indications qui vont sortir au Journal officiel vont montrer qu'on peut faire ce test. Et puis, si des Français souhaitent le faire, aujourd'hui il sera disponible avec des tests validés par le Centre national de référence (CNR). (…) Les tests qui vont être validés par le CNR vont avoir une sensibilité de 90% et une spécificité de 98%. Seuls quelques tests ont été sélectionnés et la liste va sortir. Elle va être tout à fait transparente puisqu'elle sera sur le site du ministère de la Santé. (…) L'arrêté est prévu normalement dans les prochaines heures. Il est en rédaction et il devrait sortir assez rapidement.

Ces tests seront-ils pris en charge par la Sécurité sociale ?

La sérologie sera remboursée éventuellement, uniquement lorsque vous correspondrez à ces indications [de l'arrêté]. Hors indications spécifiques de l'arrêté, qui seront à préciser et qu'on lira tous ensemble, alors ces tests ne seront pas remboursés. De toute façon pour ces tests-là, qui seront soumis au remboursement, il nous faut une ordonnance en laboratoire de biologie médicale. C'est obligatoire. Il y aura pas [de test par piqûre au bout du doigt], ce sera forcément par prise de sang. Tous les tests se feront de deux manières, soit sur des machines automatisées qu'on appelle des tests Elisa, soit des tests rapides qui se font après centrifugation de votre tube de sang. Le rapport de l'HAS a été très clair, les auto-tests, que peuvent faire les patients eux-mêmes, sont aussi fortement déconseillés.

Regrettez-vous que les tests n'aient pas été lancés plus rapidement en France, où on ne dépiste que dans les foyers épidémiques ?

Non, je n'ai pas de regrets parce que l'image sérologique que vous avez au jour-J n'est forcément l'image que vous aurez trois semaines plus tard. Donc, vous pouvez très bien venir un jour au laboratoire, avoir une sérologie négative, ne pas avoir d'anticorps et que ces anticorps se développent au fil du temps. On a vu aujourd'hui des porteurs de virus pendant cinq, six, sept, voire huit semaines. Ils ont toujours du virus au niveau du nez. Donc, on peut évidemment rechercher, se poser la question de savoir à ce moment-là si on a des anticorps et si on peut avoir une défense immunitaire qui s'est mise en oeuvre. [En revanche] il faut absolument que les indications pour ces tests sérologiques soient élargies, qu'on ne se contente pas simplement de dépister les patients dans un état pathologique. Il faut demander cet élargissement, avoir un plus grand public. On le voit aujourd'hui dans de nombreuses, très nombreuses collectivités. On détecte des PCR positifs [des prélèvements nasopharyngé par écouvillon].

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