"Tous les patients que je finis par voir ont tardé à consulter" : 300 soignants invitent à ne pas négliger les autres maladies
"Plusieurs patients sont morts d'un infarctus, ils avaient des douleurs dans la poitrine et se disaient que ce n'était pas la peine de déranger les médecins", témoigne le docteur Jean-Baptiste Leblanc. "Vous ne nous dérangez pas !", assure-t-il.
Plus de 300 soignants, médecins généralistes, cardiologues, psychiatres ou sages-femmes appellent à ne pas négliger l'apparition ou le suivi d'autres maladies que le Covid-19. "Vous ne nous dérangez pas", adressent-ils aux malades. "Tous les patients que je finis par voir en consultation ou en téléconsultation ont tardé à consulter", rapporte sur franceinfo le docteur Jean-Baptiste Le Blanc, généraliste à Paris, à l'initiative de l'appel.
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franceinfo : Avec cet appel, faut-il comprendre que des patients ne se tournent plus vers leurs médecins à leurs risques et périls ?
Dr Le Blanc : C'est l'alerte que l'on fait dans cet appel. Il y a eu dans tous les cabinets, de médecine générale, de psychiatrie, des baisses de fréquentation énormes. Les gens ont peur de déranger. Ils se disent : On n'a pas quelque chose de grave, les médecins doivent être débordés, il ne faut pas les déranger. Les patients se mettent en danger à ne pas se faire examiner ou interroger leur médecin sur des symptômes qu'ils peuvent avoir à un moment donné. Tous les patients que je finis par voir en consultation ou en téléconsultation ont tardé à consulter.
Y a-t-il une peur de se faire contaminer lors de la consultation ?
Tous les cabinets qui accueillent du public se sont adaptés et se faire contaminer au cabinet est quasiment impossible.
On organise les rendez-vous pour que les personnes ne se croisent pas en salle d'attente, on désinfecte régulièrement tout. On reçoit les patients avec des blouses, des surblouses, des masques.
Dr Jean-Baptiste Leblancà franceinfo
On leur fait porter des masques s'il y a la moindre inquiétude. Si les gens sont tousseux, on les fait venir à des créneaux spécifiques. Il y a vraiment une probabilité infime de se faire contaminer au cabinet médical. Et puis, il y a la téléconsultation.
Vous leur dites : "Venez !" ? Ou "Appelez-nous !" ?
Si vous avez un symptôme qui apparaît, quelque chose qui vous inquiète, ne vous dites pas 'ce n'est pas grave, c'est moins grave que le coronavirus'. Vous n'en savez rien. Plusieurs patients sont morts d'un infarctus, ils avaient des douleurs dans la poitrine et se disaient que ce n'était pas la peine de déranger les médecins. Ils sont morts. Il faut absolument éviter cela.
Même chose pour les femmes enceintes ?
Un début de grossesse implique un bilan complet pour dépister la toxoplasmose, dépister les risques d'hypertension, de diabète, d'hyperthyroïdie. Ne pas le faire c'est prendre un risque avec sa grossesse. Tout au long du suivi de grossesse, les échographies, les consultations en cas de signes anormaux, sont absolument nécessaires. Pour les enfants, on a même un avis de la Haute autorité de la santé, qui nous dit : "Poursuivez les vaccinations, tout le programme de vaccination jusqu'à 18 mois". Tout le programme de suivi des enfants dans ces 18 premiers mois il faut absolument le poursuivre normalement.
Comment êtes-vous organisé pour les patients atteints du Covid-19 ?
Premièrement, je les reçois uniquement en téléconsultation pour éviter d'amener des virus en cabinet et pour me protéger moi-même. Ensuite, on arrive assez bien à les évaluer et à les diagnostiquer en téléconsultation. Je m'appuie pour le suivi sur la plateforme de l'AP-HP Covidom, qui est un système extrêmement pertinent et efficace, qui envoie deux fois par jour des questionnaires aux patients.
Je peux surveiller le tableau de bord donc je sais actuellement comment se portent tous mes patients Covid.
Dr Jean-Baptiste Leblancà franceinfo
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