Cet article date de plus de quatre ans.

Cinq questions sur un futur plan de vaccination contre le Covid-19 en France

Alors que plusieurs vaccins affichent des résultats prometteurs à la fin de leur phase d'essais, franceinfo fait le point sur la façon dont ils seront distribués et administrés dans les prochains mois.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Un vaccin expérimental contre le Covid-19, dans le laboratoire Sinovac Biotech, le 29 avril 2020, à Pékin (Chine). (NICOLAS ASFOURI / AFP)

Quelle devra être la stratégie de la France lorsque le premier vaccin contre le Covid-19 sera disponible ? Pour le moment, les laboratoires américain Pfizer et allemand BioNTech ont annoncé, mercredi 18 novembre, avoir développé ensemble un vaccin efficace à 95 % après des essais cliniques complets. Le 9 novembre, ils avaient publié un communiqué avec des essais partiels et une efficacité évaluée à 90 %. Lundi 16 novembre, c'est le laboratoire américain Moderna qui a dévoilé ses résultats avec 94,5% de réussite à son vaccin. Ces résultats doivent entériner les derniers essais cliniques avant d'être validés par les différentes autorités sanitaires. D'ici là, franceinfo liste les différentes questions qui se posent en France lorsque ces médicaments seront disponibles à la vente.

1Quand pourra débuter la campagne de vaccination en France ?

Invité des "4 Vérités" sur France 2 mardi 17 novembre, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a souligné que la stratégie de la France en matière de vaccination contre le Covid-19 était "l'anticipation". "On se met dans les starting-blocks pour distribuer un vaccin dès lors que celui-ci aura bénéficié des autorisations et des validations par les autorités scientifiques nationales et internationales, a rappelé le ministre. L'Agence européenne du médicament a dit qu'elle pensait pouvoir donner une validation à un premier vaccin à la fin de l'année pour qu'il puisse être distribué à partir du mois de janvier." 

Selon Les Echos (article payant), en France, "les premières livraisons interviendraient mi-janvier, avec 4,4 millions de doses AstraZeneca et 3,5 millions de doses BioNTech-Pfizer. Les vaccins des biotechs américaines Moderna et Novavax suivraient dès février."

La France a d'ailleurs acheté "50 supercongélateurs", "qui seront reliés à des alarmes, entreposés dans des endroits sécurisés" afin de stocker les vaccins Pfizer à -80 °C, a assuré le ministre de la Santé. Olivier Véran a confirmé que l'objectif du gouvernement est de pouvoir débuter cette campagne "dès le début de l'année 2021". 

2Qui pourra en bénéficier en priorité ?

La Haute Autorité de santé a listé plusieurs hypothèses à ce sujet et a d'ailleurs soumis ses propositions à une consultation publique qui se clôture le 30 novembre. Tant que le niveau d’efficacité n’a pas été précisément évalué, il faut envisager deux stratégies : vacciner un très grand nombre de personnes pour viser l’immunité de groupe, ou vacciner les populations à risque. "Dans cette hypothèse, écrit la HAS, le(s) vaccin(s) qui sera/ont utilisé(s) sont ceux qui auront démontré leur efficacité sur la prévention de la maladie ou la réduction des formes graves et leur innocuité dans ces populations." Les personnes à risques, notamment les seniors de plus de 65 ans ou les personnes atteintes de maladies chroniques (diabètes, maladies cardiaques, etc.), devraient faire partie du public prioritaire, selon la HAS. L'autorité liste le personnel soignant mais aussi les populations vivant en collectivité dans des hôpitaux, des hébergements collectifs ou des prisons, notamment.

C'est seulement une fois que la HAS aura accès aux données scientifiques sur les futurs vaccins qu'elle pourra se prononcer plus précisément. Sur BFMTV, Olivier Véran a déclaré qu'il avait saisi le Conseil consultatif national d'éthique car le sujet de la vaccination "va poser énormément de questions éthiques", selon lui. 

3Le vaccin sera-t-il obligatoire pour tous ? 

La question n'est pas encore tranchée, mais l'exécutif paraît plutôt réticent à rendre obligatoire un vaccin contre le Covid-19. Selon un sondage Odoxa pour franceinfo publié le 12 novembre, 60% des Français ne sont pas favorables à un vaccin obligatoire. Sur BFMTV, Olivier Véran a été interrogé sur cette éventualité. "Ce n'est pas un débat qui va être tranché comme ça en un claquement de doigt. Surtout dans un pays comme la France où les gens sont assez réservés sur la vaccination, a déclaré le ministre de la Santé. Il n'y a rien que je saurai sur le vaccin que les Français ne sauront pas."

Des personnalités politiques se sont d'ores et déjà prononcées en faveur d'une vaccination obligatoire. C'était notamment le cas de Yannick Jadot sur franceinfo le 10 novembre ou de Gérard Larcher, président LR du Sénat, sur le plateau du "Grand Jury" de RTL, le 15 novembre. 

4Combien va coûter le vaccin ? 

Pour le moment, le prix du vaccin n'est pas encore entériné, mais tout porte à croire qu'il sera gratuit pour les patients. Invité de la matinale de BFMTV mardi 17 novembre, Olivier Véran a laissé entendre que les Français n'auraient rien à dépenser pour ce vaccin. "Toute la prise en charge de la maladie du Covid-19 est gratuite. J'envisage mal qu'on fasse payer les Français pour une vaccination", a-t-il avancé.

L'Etat a pour sa part budgété "1,5 milliard d'euros en 2021" pour "acheter une première série de vaccins", a précisé Gabriel Attal, mardi. D'après Les Echos, cette somme correspond "à acheter les vaccins", mais aussi à "organiser la logistique et rémunérer ceux qui distribuent, inoculent ou tracent administrativement chaque injection". Selon Le Figaro, il faudrait ajouter à cette somme la contribution à l'enveloppe de l'Union européenne qui a prévu, avec l'aval de la France en premier lieu, de centraliser les commandes des pays membres. 

Selon Gabriel Attal, "cinq contrats" ont été finalisés entre l'Union européenne et différents laboratoires qui travaillent sur un vaccin à venir, dont le français Sanofi pour 300 millions de doses. Un accord avec le laboratoire américain Moderna pourrait constituer le sixième "dans les prochains jours", espère Gabriel Attal. Invité du "Grand Rendez-Vous" sur Europe 1 dimanche 15 novembre Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, avait pour sa part indiqué : "Nous avons des contrats avec sept grands laboratoires, dont Pfizer, pour que l'ensemble des Européens soient protégés quand le vaccin sera prêt."

5Combien de vaccins seront nécessaires pour immuniser la population ? 

La Haute Autorité de santé (HAS) s'est penchée sur la question dès le mois de juillet. La HAS, qui participe à la définition de la politique vaccinale en France, a publié un rapport sur la stratégie de vaccination contre le Covid-19, en s'appuyant sur plusieurs scénarios. "En raison d'un schéma de vaccination très probablement à une ou deux doses, le nombre de doses nécessaires serait alors de 46 millions environ, évalue-t-elle. Il s'agit toutefois de chiffres très préliminaires qui nécessitent d'être affinés." Pour que la circulation du virus soit quasiment nulle, il est établi qu'il faudrait qu'environ "60 à 70 %" de la population soit vaccinée, soit entre "40 et 47 millions de Français", estiment Les Echos. Le quotidien révèle également que la France a commandé 90 millions de doses de vaccin auprès de sept fournisseurs pour le premier semestre 2021.

Reste la question de leur durée et de leur efficacité. Interrogé par Ouest-France, Daniel Camus, infectiologue et professeur à l’Institut Pasteur, émet deux hypothèses. "S’il faut refaire une vaccination chaque année, un peu comme la grippe, ce n’est pas vraiment un problème, affirme-t-il. Mais si ces vaccins ne sont valables que pour deux ou trois mois, là, ce n’est plus du tout pareil. Seule l’expérience et le temps pourront nous le dire."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.