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Covid-19 : comment la campagne de vaccination devrait s'accélérer dans les prochaines semaines

Près de 10 millions de doses doivent être livrées en mars, selon le ministère de la Santé.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Un médecin du travail vaccine un patient à Gragnague, près de Toulouse, le 26 février 2021. (FRED SCHEIBER / AFP)

L'intendance a du mal à suivre, mais l'horizon s'éclaircit. A en croire le ministre de la Santé, Olivier Véran, "neuf millions de Français auront reçu au moins une injection" de vaccin contre le Covid-19 à la fin du premier trimestre 2021, alors qu'ils ne sont que trois millions pour le moment, selon le site CovidTracker. Une prévision optimiste fondée, notamment, sur l'accélération prévue des livraisons. Voici comment cela pourrait se passer dans les semaines qui viennent.

Les livraisons de vaccins vont aller crescendo

Ce n'est pas encore l'abondance, mais peut-être la fin de la pénurie. Dans les deux mois qui viennent, les livraisons de vaccin doivent fortement augmenter, selon ce tableau communiqué par la direction générale de la santé. Au total, si ce calendrier de livraison de vaccins est respecté, près de 17 millions de doses auront été livrées au premier trimestre 2021, dont presque 10 millions en mars. Fin avril, le chiffre double, avec un total de 34,7 millions de doses (cumulées depuis le début) qui devront, théoriquement, avoir été livrées à la France.

Le calendrier mensuel de livraison de vaccins, au 1er mars (en millions de doses cumulées), communiqué par la direction générale de la santé. (DIRECTION GENERALE DE LA SANTE)

Pour scruter de plus près les livraisons attendues, mois par mois et produit par produit, les curieux pourront se reporter aux données gouvernementales et vérifier, par exemple, que près de 4 millions de doses Pfizer et 3,5 millions d'AstraZeneca sont attendues en mars. Ce même mois, "nous devrions être en mesure de proposer 6 millions de primo-injections supplémentaires pour les Français, ce qui portera à 9 millions le nombre de Français qui auront reçu au moins une injection à la fin du mois de mars, et ce sera encore plus au mois d'avril", a assuré Olivier Véran lors de la séance de questions au gouvernement de mardi. Enfin, toujours sur le papier, le potentiel de vaccination de la population française montera à 40% en juin.

Les 65-74 ans peuvent être vaccinés

Encore faudra-t-il éviter que ces stocks ne restent au réfrigérateur, comme cela s'est passé avec des centaines de milliers de doses AstraZeneca. Lors d'un point presse tenu le 1er mars, la direction générale de la santé a en effet reconnu que seules 25% des 600 000 doses de ce vaccin livrées aux établissements de santé avaient été utilisées. Ces doses étaient destinées, en grande majorité, au personnel soignant.

Aussi, Olivier Véran a-t-il décidé d'étendre ce vaccin, jusque-là réservé aux moins de 65 ans, aux personnes âgées de 65 à 74 ans "avec comorbidités". Décision à laquelle la Haute Autorité de santé (HAS) a donné son aval, le 2 mars, en fondant son avis sur une étude à large échelle de la vaccination en Ecosse (PDF en anglais). Celle-ci montre "des résultats très encourageants sur les bénéfices à court terme d'une première dose de vaccin (Pfizer ou AstraZeneca) contre la Covid-19 chez les plus de 65 ans". "Quelle que soit la tranche d'âge, la vaccination par un des deux vaccins étudiés réduit significativement le nombre d'hospitalisations", précise la HAS.

Cette décision permet surtout à la tranche des 65-74 ans, soit 7,3 millions de Français, d'accéder à la vaccination. Cette population n'avait jusque-là accès ni au vaccin Pfizer, réservé aux plus de 75 ans, ni au vaccin AstraZeneca, réservé aux moins de 65 ans. Et elle commençait à s'impatienter, selon des témoignages recueillis par franceinfo"Nous sommes les oubliés de la vaccination", tempêtait ainsi Isabelle Briard, 66 ans. 

Pharmaciens, infirmiers ou sage-femme auront le droit de vacciner 

Dernière arme pour accélérer la vaccination : diversifier "les vaccinateurs et en étant au plus près de la population à vacciner", souligne la Haute Autorité de santé dans son avis du 2 mars. Après avoir rappelé qu'elle avait déjà recommandé, début février, que "les sages-femmes et les pharmaciens puissent prescrire et administrer le vaccin AstraZeneca", elle se prononce désormais "en faveur de l'extension des compétences vaccinales des pharmaciens, des sages-femmes et des infirmiers pour l'ensemble des vaccins contre la Covid-19", y compris les vaccins à ARN messager (Pfizer et Moderna). Cette phase, toutefois, ne sera déclenchée que lorsque les stocks seront jugés suffisants. 

"Cet élargissement des personnels habilités à vacciner dépendra à la fois du rythme d'approvisionnement et de consommation des doses de vaccin."

La direction générale de la santé

à franceinfo

Pour le moment, c'est encore aux médecins généralistes de faire le tri pour administrer le vaccin aux patients désignés comme prioritaires. Mais plusieurs professions de santé s'impatientent. "La demande de vaccination par les infirmiers est forte", assure ainsi la présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux, Catherine Kirnidis. Contacté par franceinfo, le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine s'agace, lui aussi, des délais : "On est capable de le faire, on a vacciné contre la grippe, avec un très grand succès, 3,7 millions de personnes en cinq semaines !"

"Si vous concentrez les vaccinations contre le Covid sur une seule profession déjà débordée, comme les médecins généralistes, vous êtes dans une situation chaotique."

Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine

à franceinfo

Argument supplémentaire, il estime que les pharmacies sauront mieux gérer que les généralistes les contraintes liées à l'ajustement des doses de vaccin en fonction du nombre de personnes à vacciner. "A condition que nos clients prennent rendez-vous, on peut s'arranger dans une pharmacie pour les recevoir tout au long de la journée sans être désorganisé", fait-il valoir. Avant de conclure avec emphase : "Le combat contre l'épidémie, c'est pas l'un contre l'autre, c'est l'un avec l'autre et tous ensemble contre le Covid !"

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