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Covid-19 : décaler les injections de vaccin, va permettre de "probablement plus que doubler le nombre de personnes vaccinées", selon le Pr Pierre-Louis Druais

"Il faut particulièrement se centrer sur les patients de plus de 75 ans à haut risques, pour éviter des complication", insiste le médecin généraliste, membre du Conseil scientifique et de la Haute autorité de santé. Espacer les injections ne détériore pas, selon lui, le niveau de protection.

Article rédigé par franceinfo
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Pierre Louis Druais professeur de médecine générale, membre du comité scientifique consulté par Emmanuel Macron sur l'épidémie de coronavirus (illustration, photo du 27 septembre 2016). (LEON TANGUY / MAXPPP)

Invité de franceinfo samedi 23 janvier, Pierre-Louis Druais, professeur de médecine générale, médecin généraliste à Port-Marly (Yvelines), membre du Conseil scientifique et de la Haute autorité de santé (HAS), s'exprime sur la vaccination, et la recommandation des autorités de santé d'espacer de six semaines la deuxième injection, au lieu de trois à quatre semaines habituellement.

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franceinfo : Qu'est-ce qui permet d'espacer ces deux doses de vaccins ?

Pierre-Louis Druais : L'espacement de 21 à 42 jours existait déjà dans le dossier de Pfizer, qui disait qu'il y avait un intervalle à respecter qui ne pouvait pas dépasser cette période pour avoir une efficacité de la première injection et un renforcement de la deuxième. Face à une situation tendue en terme d'approvisionnement de vaccins, écarter les deux injections a le bénéfice d'obtenir de vacciner un plus grand nombre de patients. Il faut particulièrement se centrer sur les patients de plus de 75 ans à haut risques, pour éviter des complications, éviter qu'ils soient hospitalisés et qu'un certain nombre d'entre eux soient en réanimation. Cette logique-là fait qu'on va pouvoir probablement plus que doubler le nombre de personnes vaccinées dans une période initiale.

Vacciner plus de monde, plus rapidement c'est le but. Mais est-ce qu'écarter les deux doses va détériorer le niveau de protection ?

Non, cela ne détériore pas le niveau de protection. On va voir baisser un peu le taux de protection en pourcentage, mais de façon suffisamment minime pour qu'il n'y ait pas de perte de chance pour ces patients et que la revaccination apporte le même bénéfice au terme. On décale d'environ trois semaines la deuxième dose en permettant de donner une première injection à d'autres personnes.

Au sujet de la pertinence des masques artisanaux, le gouvernement déconseille leur utilisation. L'Académie de médecine n'approuve pas cet avis ; qu'en pense le Conseil scientifique ?

Le Conseil scientifique a déjà écrit sur le sujet très antérieurement. Je ne vois pas où est la polémique. On est dans une situation où je pourrais m'interroger sur le niveau de preuves des affirmations de l'Académie de médecine. Le Haut conseil de santé publique a donné un certain nombre d'éléments récents qui permet de dire que, comme on est plus dans une période de pénurie de masques, il faut utiliser les masques aux normes (UMF 1 ou 2), comme les chirurgicaux, le plus souvent possible. Le masque a un rôle de filtration pour protéger les autres, avec aussi la distanciation physique qui est en train de passer à deux mètres.

"Quand on est dehors et sans contact avec du public, on peut envisager de porter un masque en tissu fabriqué maison, mais sa protection n'est pas optimale."

Pierre-Louis Druais, membre de la Haute autorité de santé

à franceinfo

Nous sommes sur un nombre de cas avec un plateau élevé, avec 20 000 à 25 000 contaminations par jour. Un reconfinement est-il inéluctable ?

On va avoir une courbe qui va continuer de monter progressivement et très lentement. Mais on a tous l'expérience du premier choc : la courbe peut partir à un moment de manière expontentielle, en particulier avec l'existence du variant anglais et des autres. Ce que l'on craint, c'est qu'on soit face à une montée assez brutale, qui peut conduire à des mesures complémentaires. Le Conseil scientifique a dans son dernier avis évoqué quatre situations potentielles, l'ultime étant le reconfinement. Des modèles mathématiques nous laissent craindre qu'au mois de mars, il se passera des choses inquiétantes, mais on ne peut pas en dire plus. L'apparition de clusters ne m'inquiète pas plus que ça, dans la mesure où ils sont identifiés cela permet de tester, tracer et isoler. Cela reste la mesure la plus importante.

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