Covid-19 : le président de la Seine-Saint-Denis, l'un des départements les moins vaccinés, appelle à "l’obligation vaccinale pour tous"
Le taux de vaccination en première injection est de 44% en Seine-Saint-Denis, contre plus de 55% en Ile-de-France, selon Stéphane Troussel.
Le département de la Seine-Saint-Denis, l’un des plus pauvres de France, est aussi l’un des moins vaccinés, selon les données compilées par le géographe de la santé Emmanuel Vigneron, publiées dans le journal Le Monde. Une situation qui s’explique notamment, selon le président du département, le socialiste Stéphane Troussel, par "l'accès à l'information, la distance avec les institutions de santé" ou encore "la situation de quasi désert médical". C’est pourquoi il appelle, sur franceinfo lundi 26 juillet, à "l’obligation vaccinale pour tous".
franceinfo : L'extension du pass sanitaire peut-elle changer quelque chose à cette situation ?
Stéphane Troussel : Je pense que, plutôt qu'un pass sanitaire qui pourrait, à partir de la rentrée, créer à nouveau une France à deux vitesses, celle des personnes vaccinées et celle des non vaccinées, celles des sans pass et celles avec pass, je suis pour l'obligation vaccinale pour tous parce que l'obligation vaccinale pour chacun et chacune de nos concitoyens va de pair avec l'obligation, justement, pour la puissance publique d'agir contre les inégalités sociales de santé.
Les collectivités et les acteurs publics manquent-ils de moyens pour vacciner ?
Oui. On voit bien que, malgré tous les efforts conjoints des autorités locales et de l'Etat, cette fracture vaccinale existe. Le taux de vaccination en première injection est de 44 % en Seine-Saint-Denis, contre plus de 55 % en Ile-de-France. Le taux de vaccination dans le 16e arrondissement de Paris, atteint le double de celui dans une ville comme La Courneuve.
Pour vous, est-ce une question d'information, de culture de la santé ?
La carte vaccinale est un quasi décalque des inégalités de revenus. Et l'on constate à nouveau avec cette question de la vaccination, outre la Covid-19, que ce sont les mêmes difficultés que pour l'ensemble des inégalités sociales de santé. L'accès à l'information, la distance avec les institutions de santé, la situation de quasi désert médical avec des populations qui n'ont par exemple pas de médecin traitant, l'éloignement des services publics, la fracture numérique, l'ensemble de ces éléments pèse. Tout cela accentue l’hésitation vaccinale qui peut exister chez nos concitoyens et qui existe peut-être plus encore chez les populations où la précarité est plus grande, où les conditions de logement et de vie sont plus difficiles.
Pourquoi vos concitoyens hésitent à aller se faire vacciner ?
Il peut y avoir des interrogations chez un certain nombre de nos concitoyens par rapport au bien-fondé de ce vaccin, à des craintes qui peuvent encore exister. Mais il y a aussi les situations vécues par les gens eux-mêmes. Quand vous êtes une personne âgée, isolée, qui vit parfois en situation de grande précarité, d'éloignement ou qui peut se dire que finalement, elle n'a pas besoin de son pass sanitaire parce qu'elle n'a pas l'occasion ou les moyens de prendre le train, d'aller au restaurant ou au théâtre, tout cela renforce cette hésitation vaccinale. C’est pourquoi je suis très attaché, par exemple, au fait qu’on anticipe la rentrée scolaire. Le président de la République et le Premier ministre ont insisté sur la vaccination des collégiens et lycéens. Mais ce n'est pas quelques jours avant la rentrée qu'il faudra s'y préparer. C'est maintenant que l'ensemble des acteurs locaux et nationaux doivent s'unir pour que dans les premiers jours de la rentrée, nous ayons un plan massif de vaccination, notamment à proposer aux collégiens et lycéens.
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