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Covid-19 : vous avez été vacciné avec l'AstraZeneca, on répond à vos questions sur la deuxième dose

Après avoir reçu une première dose d'AstraZeneca, quelle deuxième dose choisir selon son âge ? Combien de temps faut-il attendre avant cette deuxième injection ? A-t-on assez de recul sur le mélange de deux vaccins différents ? On vous répond.

Article rédigé par franceinfo - Antoine Deiana
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Vaccination au CHU de Limoges, en avril 2021. (THOMAS JOUHANNAUD / MAXPPP)

Que faire quand on a reçu une première dose de vaccin AstraZeneca ? Vous êtes nombreux à vous poser cette question, après les dernières déclarations d'Emmanuel Macron et Thierry Breton, dimanche 9 mai. Le président de la République a estimé que le vaccin britannique était moins efficace que d'autres face à certains variants, tandis que le commissaire européen au Marché intérieur a confirmé que le contrat avec AstraZeneca n'avait pas été renouvelé après le mois de juin. 

Des déclarations qui peuvent semer un doute, notamment pour les plus de 500 000 personnes de moins de 55 ans qui ont reçu une première dose de vaccin AstraZeneca. Le 8 avril 2021, la Haute autorité de santé (HAS) a publié un avis dans lequel elle leur recommande de se faire injecter un vaccin à ARN messager (Pfizer-BioNTech ou Moderna) en seconde dose. Selon le professeur Jean-Daniel Lelièvre, chef du service d’immunologie clinique et de maladies infectieuses à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), l'un des auteurs de l’avis de la HAS, il s'agit d'une stratégie vaccinale qui repose sur ce qu'on appelle le "prime-boost hétérologue". On répond à toutes vos questions sur cette deuxième injection.

J'ai plus de 55 ans et j'ai reçu une première dose d'AstraZeneca, puis-je changer pour Pfizer ou Moderna ?

Pour les personnes de plus de 55 ans ayant reçu une première dose d'AstraZeneca, la HAS recommande de se faire vacciner avec ce même vaccin (récemment rebaptisé Vaxzevria)) en seconde dose. Dans son dernier point presse du 11 mai 2021, le ministère de la Santé a estimé qui fallait être ferme avec les plus de 55 ans, primo-vaccinés à l'Astrazeneca, quant à leur deuxième dose. "Les plus de 55 ans qui ont eu AstraZeneca ne pourront pas changer de vaccin pour la deuxième injection. Il n'y a aucune raison de changer et les professionnels de santé doivent se montrer fermes. Il faut respecter ce protocole."

Jean-Daniel Lelièvre rappelle également que "l'AstraZeneca est un très bon vaccin même s'il est en effet moins efficace face à certains variants. Mais quand vous êtes vaccinés, vous êtes protégés en premier lieu contre la sévérité de l'infection."

J'ai moins de 55 ans, j'ai déjà reçu ma première dose AstraZeneca, que faire pour la deuxième ?

La HAS, dans son avis du 8 avril dernier, recommande aux moins de 55 ans ayant reçu une première dose d'AstraZeneca de recevoir en deuxième injection un vaccin à ARN messager (Pfizer-BioNtech ou Moderna). Même avis du côté du ministère de la Santé qui souhaite que les moins de 55 ans, primo-vaccinés à l'AstraZeneca, se tournent vers la stratégie "prime-boost hétérologue". 

"Prime-boost hétérologue", mais ça veut dire quoi exactement ?

Cette stratégie préconisée par la HAS consiste à utiliser deux techniques vaccinales différentes entre la première injection ("prime") et la seconde ("boost"). Dans le cas du Covid-19, un vaccin à adénovirus en première injection (AstraZeneca) et un vaccin à ARN messager en seconde injection (Pfizer-BioNTech ou Moderna). Quand les deux injections se font avec le même produit, on parle de "prime-boost homologue".

Selon Jean-Daniel Lelièvre, "changer de plateforme vaccinale pourrait rendre notre stratégie de vaccination plus pertinente et plus efficace qu'avec le prime-boost homologue".

Ce "prime-boost hétérologue", ça repose sur quoi ?

Jean-Daniel Lelièvre, auteur de l'avis de la HAS du 8 avril, se montre rassurant quant à la fiabilité de cette stratégie de "prime-boost hétérologue" qui fait l'objet de nombreuses études depuis une vingtaine d'année : "Le vaccin Spoutnik V utilise cette stratégie avec deux vecteurs adénoviraux différents en première et deuxième injection."  Au-delà du Covid-19, la HAS s'est appuyée sur des informations issues d'autres infections. Ces données suggèrent que certaines stratégies de "prime-boost hétérologue" améliorent l'intensité de la réponse immunitaire et diversifient la réponse contre diverses souches d'un même virus. Jean-Daniel Lelièvre précise que la HAS se repose sur "une stratégie qui a déjà été utilisée pour le développement d'un vaccin contre le VIH (et qui se montre plus efficace par rapport aux solutions classiques) et qui est encore utilisée pour un des vaccins contre la fièvre Ebola, depuis mai 2020.

Pour l'heure, concernant l'association d'un vaccin à vecteur adénoviral (AstraZeneca) et un autre à ARN messager (Pfizer-BioNTech ou Moderna), des études ont été menées sur des animaux et la réponse du système immunitaire en anticorps neutralisant était plus importante que dans un schéma classique.

J'hésite... est-ce que je peux attendre encore un peu ? Ou renoncer à la deuxième dose ?

Dans le cas du "prime-boost hétérologue" pour les moins de 55 ans qui ont reçu une première injection avec AstraZeneca, la HAS recommande d'attendre 12 semaines entre cette première dose et une deuxième dose d'un vaccin à ARN messager.

Pour les 55 ans et plus qui recevront une deuxième dose d'AstraZeneca, le délai à respecter est également de 12 semaines.

Pour ceux qui recevront deux doses identiques de vaccin à ARN messager (Pfizer-BioNTech ou Moderna),, les deux rendez-vous doivent être espacés de 6 semaines au maximum.

Hors de ces recommandations, vous pouvez arrêter votre processus vaccinal à la première dose d'AstraZeneca, mais la HAS estime qu'en rester à une seule injection ne procure pas une protection suffisante

Est-ce que cette idée de "prime-boost hétérologue" pourrait devenir une stratégie à long terme ?

Le Royaume-Uni et la France récoltent en ce moment des données concernant l'efficacité sur l'Homme de l'association de deux vaccins aux technologies vaccinales différentes. Au Royaume-Uni, en réponse au manque de dose de chacun des vaccins utilisés, le groupe vaccin de l'université d'Oxford a rapidement mis en place des essais pour comparer diverses stratégies de "prime-boost hétérologue" (les études Com-Cov, "Comparing Covid-19 vaccine schedule combination") : "On devrait bientôt recevoir les résultats de deux études britanniques, explique Jean-Daniel Lelièvre. Et en France on fait ce même travail de récolte des données au sein de la cohorte CoV-Popart.

Ces résultats sont très attendus par Jean-Daniel Lelièvre : "Si elle s'avère concluante, cette stratégie pourra être utile à l'échelle mondiale en réponse à des vaccins moins efficaces, comme certains vaccins chinois par exemple."

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