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Des pharmaciens refusent de vacciner le dimanche contre le Covid-19 : "Hors de question, j'ai le droit de me reposer !"

Les pharmacies vont pouvoir ouvrir le dimanche pour accélérer la campagne de vaccination contre le Covid-19. Mais de nombreux pharmaciens refusent : ils se disent fatigués et en manque de moyens humains.

Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une affiche indiquant la possibilite de se faire vacciner contre le Covid-19 dans une pharmacie, le 6 décembre. (MATHIEU HERDUIN / MAXPPP)

Le ministre de la Santé propose aux pharmaciens d'ouvrir le dimanche afin qu'ils puissent renforcer leur participation à la campagne de rappel vaccinal contre le Covid-19. Le décret qui autorise cette ouverture doit paraître vendredi 10 décembre. Olivier Véran doit justement se rendre vendredi dans une officine de Lille. "On va faire la maximum, mais on ne pourra pas le faire sans rendez-vous", a expliqué sur franceinfo Gilles Bonnefond, porte-parole de l’Union syndicale des pharmaciens d’officine (USPO).

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Le ministre de la Santé prévoit d'ailleurs une incitation financière 5 euros de plus par vaccin réalisé le dimanche. Mais pour la profession, la réponse est nette, c'est un refus catégorique. Il n’y a pas un pharmacien volontaire, parmi la vingtaine à qui l'on a posé la question. "C'est hors de question, explique un pharmacien. Je fais déjà 65 heures par semaine je vais pas en faire 10 de plus. Il se repose, le ministre ? J'ai le droit de me reposer !"

Les pharmaciens se disent fatigués et débordés. L’argument revient dans toutes les officines. "Je pense qu'on a besoin de se reposer pour pouvoir tenir la semaine", explique Blandine Girot. Pour cette gérante d’une pharmacie du nord-ouest parisien, il s’agit aussi un vrai problème de logistique : "On a des structures qui ne sont pas extensibles. Je fais déjà trois séances par semaine avec du Moderna. On vaccine plus de 60 personnes par semaine, avec en plus en ce moment la campagne contre la grippe, c'est juste ingérable."

"Qu'on fasse de la santé publique je trouve ça formidable - on est là aussi pour ça - mais à un moment, il faut aussi qu'on puisse payer nos équipes à la hauteur de ce qu'elles méritent."

Blandine Girot, pharmacienne

à franceinfo

L'incitation financière, de 5 euros de plus dans la poche du pharmacien pour chaque injection réalisée le dimanche ne séduit pas non plus. "Franchement, je pense que c'est se moquer du monde, indique Blandine Girot. Quand on voit le montant qu'on donne à certaines personnes dans les centres pour juste être là parce qu'il faut un diplôme et qui ne font rien... Nous, pendant ce temps, on travaille beaucoup. Il faut qu'on fasse tout et qu'on prenne les rendez-vous." Pour la pharmacienne, "le ministre de la Santé aime bien les pharmaciens quand ça l'arrange. Il sait que nous, on est corvéable à merci. On ne dit jamais rien parce qu'on est une profession qui n'est pas assez soudée. Il se dit qu'il y a ceux qui vont vouloir le faire pour juste 5 euros de plus. Et puis, il y a ceux qui font attention aux équipes."

Des renforts difficiles à trouver

Des équipes qui sont difficiles à renforcer alors qu’ouvrir le dimanche imposerait d’embaucher de nouveaux pharmaciens. "Si vous me les trouvez !", lance un pharmacien. Le recrutement est très compliqué. Le métier ne fait plus rêver, d’après ce que l'on nous répond. Sans compter les gardes dominicales, que certains assurent déjà et un problème de doses car beaucoup de pharmacies n'ont aucun stock. Il y a un vrai décalage entre cette proposition du ministre de vacciner le dimanche pour quelques euros de plus et le sentiment de colère, résumé par cette pharmacienne, à bout de force : "Je ne vais pas y laisser ma peau ! Ça m’intéresse pas je n’emmène pas l’argent dans ma tombe." La profession va mal et demande un peu plus de considération.

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