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La levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19, "un signal néfaste pour la prochaine pandémie", alerte l’industrie du médicament

"On a eu plus de 300 projets dans le développement et la recherche du vaccin Covid-19" et "plus de 200 accords de transferts de technologies". "Actuellement ces partenariats se font de manière volontaire. Si vous levez le brevet par force, j'ai des doutes que ces partenariats continuent", craint le directeur général de l'IFMPA.

Article rédigé par franceinfo
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Thomas Cueni, directeur général de la Fédération internationale de l’industrie du médicament. (MAXPPP)

La levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19 "n’ajouterait rien à court terme du point de vue de la production", estime vendredi 7 mai sur franceinfo, Thomas Cueni, directeur général de la Fédération internationale de l’industrie du médicament. Ce serait même selon lui, "un signal néfaste pour la prochaine pandémie". Mercredi soir, les États-Unis ont annoncé qu'ils étaient favorables à la suspension des brevets de ces vaccins. Une démarche finalement soutenue jeudi par le président Emmanuel Macron qui s'y était opposé jusqu'ici.

>> Vaccins contre le Covid-19 : cinq questions pour comprendre le débat sur la levée des brevets

franceinfo : Est-ce que la levée de ces brevets permettrait d'arroser plus largement la planète et de produire des doses supplémentaires ?

Thomas Cueni : Elle n’ajouterait rien à court terme du point de vue de la production. Cela compliquerait notre objectif qui est de faire en sorte de partager rapidement, plus rapidement et équitablement les vaccins dans le monde entier.

"La solution serait que les pays riches commencent à partager vraiment sérieusement les doses qu’ils ont."

Thomas Cueni, directeur général de la Fédération internationale de l’industrie du médicament

à franceinfo

On a actuellement des jeunes aux États-Unis, en bonne santé, qui sont vaccinés et rien n'est fait envers les pays en voie de développement. La levée des brevets vraiment, n'augmente pas leur production parce que les problèmes à court terme, c'est de lever les barrières commerciales qui existent, notamment aux États-Unis, trouver des solutions pour faire face aux goulots d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement, la rareté des matières premières et des ingrédients.

Selon vous, avoir la recette ne suffit pas, il faut aussi les ingrédients et les compétences technologiques. On ne peut pas l’apprendre ?

On apprend au fil des années. Et le système international de propriété intellectuelle a donné aux entreprises la confiance nécessaire pour s'engager dans plus de 200 accords de transferts de technologies pour étendre la livraison des vaccins Covid-19, sur la base de partenariats volontaires. On partage les savoirs, on partage l'entraînement des ouvriers spécialisés. Il y a des partenariats entre les producteurs des pays industrialisés, les producteurs des pays en voie de développement. On est en route pour faire quelque chose qui est remarquable, pour faire face à un défi : monter la production de 0 à plus de 10 milliards de doses cette année. Franchement, la levée des brevets serait une décision qui ne changerait rien actuellement. Mais pour l'avenir, où les firmes sont engagées dans la recherche-développement, ce serait un signal néfaste pour la prochaine pandémie.

Est-ce que ce serait donc aussi une menace pour le futur si on prive les laboratoires de leur source de revenus aujourd'hui ?

Les firmes se sont engagées. Elles ont fait confiance à la protection de la propriété intellectuelle, confiance au système légal et on a eu plus de 300 projets dans le développement et la recherche du vaccin Covid-19. On a réussi, contre tout espoir, on a des vaccins qui sont efficaces. Mais le signal serait, s'il y a une pandémie dans l'avenir, et c'est là où ça pèserait, qu'il n'y aura plus de propriété intellectuelle.

"Il n’y a pas beaucoup de laboratoires qui s'engagent dans la recherche antibiotique. La raison est simple : il n'y a pas de marché, il n'y a pas de système soutenable."

Thomas Cueni

à franceinfo

ce serait la réponse simple mais erronée à un système complexe parce que le brevet ne donne pas la recette pour augmenter la production des vaccins. Vous avez besoin de savoirs, vous avez besoin de partenariats. Actuellement ces partenariats se font de manière volontaire. Si vous levez le brevet par force, vraiment, j'ai des doutes que ces partenariats qui existent continueraient dans la manière dont on a besoin.

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