Vaccin anti-Covid : Alain Fischer favorable à "un rappel très vite, sans attendre", pour les plus fragiles
Un Conseil de défense sanitaire doit rendre ses décisions sur la question mercredi.
"Nous avons proposé que dès la rentrée, les personnes les plus vulnérables et les malades extrêmement fragiles, puissent bénéficier d'un rappel très vite, sans attendre", a déclaré le président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, Alain Fischer, mercredi 11 août sur franceinfo. "Nous allons attendre les arbitrages rendus aujourd'hui".
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franceinfo : Où en est la réflexion sur la troisième dose ?
Alain Fischer : Je pense qu'un arbitrage va intervenir aujourd'hui. Nous avons proposé que dès la rentrée, les personnes les plus fragiles, les plus vulnérables, en gros, les personnes âgées de plus de 80 ans, en particulier celles qui résident en Ehpad et qui ont été les toutes premières vaccinées fin décembre et au mois de janvier dernier, et d'autre part, les malades extrêmement fragiles, immunodéprimées, puissent bénéficier d'un rappel très vite, sans attendre.
Le cap des 45 millions de primo-vaccinés a été passé mardi en France, selon Olivier Véran, le ministre de la Santé. L'objectif affiché du gouvernement c'est 50 millions de personnes vaccinées, au moins la première dose d'ici la fin du mois d'août, est-ce un objectif que vous maintenez ?
Je pense qu'il est réaliste. Il est indispensable que la campagne de vaccination se poursuive parce que nous faisons face à un virus extrêmement contagieux qui implique que, pour le maîtriser et éviter ce que l'on est en train d'observer, c'est-à-dire les hospitalisations en nombre croissant, les séjours en soins intensifs croissants, il faut atteindre une couverture vaccinale "très élevée" de 90 %. Je pense qu'on peut y arriver au mois de septembre. Cela représente pour les plus de 12 ans à peu près 52-53 millions de personnes. Les adolescents se vaccinent vite et bien, si on regarde les courbes. Et je pense que les adolescents non encore vaccinés cet été le seront au moment de la rentrée scolaire, y compris à l'école.
Le rythme de la vaccination permet de passer cet objectif ?
Probablement, même si, bien évidemment, dans le contexte du mois d'août, le rythme de vaccination s'infléchit et va s'infléchir encore forcément dans les deux, trois semaines qui viennent. Je crois que l'objectif est absolument réaliste. Et surtout, il est important de rappeler à ceux qui ne sont pas encore vaccinés, qu'il faut le faire, que c'est leur intérêt personnel. Les relativement jeunes ou jeunes qui pensent qu'ils n'ont pas besoin du vaccin parce qu'ils ne sont pas à risque, malheureusement, se trompent.
"Même relativement jeunes, même si on n'a pas de maladie ou de facteurs de risque, on peut, on l'observe tous jours et les réanimateurs nous le rappellent, faire des formes graves."
Alain Fischer, président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinaleà franceinfo
Faut-il continuer à miser sur la pédagogie ou aller plus loin ?
Pas en pleine phase de poussée du virus. Je pense qu'évidemment, la pédagogie ne doit jamais cesser. Il faut en permanence expliquer, réexpliquer les bénéfices du vaccin, que les risques sont absolument minimes, que, vu les milliards de personnes vaccinées de par le monde, on connaît très, très bien ces vaccins. Ceux qui disent qu'il y a des risques à long terme disent n'importe quoi, cela n'a absolument aucun fondement. Il faut aussi se rapprocher des personnes en difficulté, les personnes très âgées et les personnes très malades, des personnes qui sont dans des conditions de vie difficiles voire très précaires. Il faut aller vers eux. Et puis, il faut inciter. Et en ce sens, le pass sanitaire, à mon avis, a été une très bonne mesure parce qu'il incite en particulier ceux qui sont un peu plus jeunes et encore une fois, qui se sentaient plus loin de la vaccination, à considérer que c'est leur intérêt. C'est ainsi que nous retrouverons tous, eux compris, une vie normale.
En Martinique et en Guadeloupe le taux de personnes vaccinées est beaucoup plus faible, on parle d'une personne sur cinq à peu près. Ça veut dire que la pédagogie ne suffit pas, elle a peut-être été insuffisante ?
Malheureusement, la situation aux Antilles est dramatique puisqu'on a peu de personnes vaccinées. En corollaire, il y a une poussée très, très forte de la maladie avec un nombre incroyable de personnes infectées et donc une pression hospitalière terrible avec le recours à des volontaires venant de métropole, etc. Dans ces cas-là, la pédagogie, en tout cas classique est insuffisante, il faut certainement essayer d'aller plus loin et notamment s'appuyer, autant que faire se peut, sur des personnalités locales, dans lesquelles la population a confiance. Il faut adapter le discours aux craintes non fondées, mais existantes de cette population. C'est difficile. Je sais que localement, beaucoup de professionnels de santé, malheureusement pas tous, ce qui est un problème, mais beaucoup s'y emploient. Il faut évidemment poursuivre ses efforts.
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