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Vaccin anti-Covid : Stéphane Bancel, le PDG français de Moderna qui a su convaincre Donald Trump

Ce Marseillais de 47 ans dirige aux Etats-Unis la société de biotechnologie Moderna, dont le vaccin contre le Covid-19, un des plus avancés à ce jour, représente un des principaux espoirs de vaincre la pandémie. Inconnu il y a un an, le centralien est désormais multimilliardaire.

Article rédigé par franceinfo
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Le patron de Moderna, Stéphane Bancel, s'adresse par vidéoconférence à l'AFP, le 17 novembre 2020. (IVAN COURONNE / AFP)

Une success-story sur fond de pandémie. A 47 ans, Stéphane Bancel dirige la société de biotechnologie Moderna, dont le projet de vaccin contre le Covid-19 serait efficace à 94,5%, affirme-t-il. Ce Marseillais implanté au Massachusetts (Etats-Unis) croule désormais sous les commandes, et prévient les Européens qu'ils ont intérêt à finaliser rapidement les contrats s'ils veulent être servis.

Son projet de vaccin, comme dix autres, est entré en phase 3 (la dernière avant homologation), et il compte fabriquer 20 millions de doses d'ici à la fin de l'année. Mais qui est ce centralien qui parle cash, a su convaincre Donald Trump de la réussite de son projet, et dont la fortune est désormais assurée ?

Une carrière dans l'industrie pharmaceutique

C'est à Marseille qu'il grandit dans les années 1970, dans un milieu favorisé. "Sa mère est médecin, son père ingénieur", et son enfance "heureuse, avec balades en voilier et week-ends en Italie", retrace le mensuel Vanity Fair, qui lui consacre un long portrait. Fort en maths, le jeune Stéphane suit les classes préparatoires scientifiques du lycée privé Sainte-Geneviève à Versailles (Yvelines), puis intègre la prestigieuse Ecole centrale. 

Après avoir débuté dans l'industrie pharmaceutique en Asie, puis décroché un MBA à Harvard, comme l'indique sa fiche Linkedin, il grimpe les échelons de l'entreprise française BioMérieux. Jusqu'au grand saut dans l'inconnu. En 2011, il part aux Etats-Unis pour rejoindre et diriger la société de biotechnologie Moderna, installée à Cambridge, dans l'Etat du Massachussets. 

Dix ans de travail sur une biotechnologie de pointe

Cette entreprise se veut pionnière. Moderna signifie "Modified RNA " (ARN modifié), décode Vanity Fair. "Il s'agit de révolutionner l'industrie du médicament avec l'ARN modifié", exposent Les Echos. Cette technologie s'appuie sur l'ARN (acide ribonucléique), qui est un matériel génétique, comme l'ADN. 

Selon Vanity Fair, Moderna réussit pendant les années 2010 à attirer les investisseurs en surfant sur la vague des biotechs, avant même de sortir un produit convaincant. Jusqu'à la pandémie, la petite société reste largement inconnue du grand public. Mais avec son vaccin contre le Covid-19, efficace selon elle "à 94,5%", Moderna va prendre de vitesse la quasi-totalité des entreprises concurrentes, à l'exception de Pfizer (allié à BioNTech), qui vient d'annoncer un taux d'efficacité de 95%, selon des résultats complets de son essai clinique à grande échelle. Ces deux vaccins reposent pareillement sur "des instructions génétiques. Elles sont envoyées aux cellules via l'ARN messager, qui sert à réencoder et à réparer l'ADN. Obéissantes, les cellules se mettent alors à fabriquer un coronavirus désactivé, qui chasse le vrai coronavirus", expliquent Les Echos

Il a su convaincre Donald Trump

Grande vertu de cette méthode : le vaccin peut être fabriqué rapidement. Selon Les Echos, Stéphane Bancel aurait eu l'illumination en s'entretenant avec des épidémiologistes chinois le 20 janvier 2020, au forum de Davos, en Suisse, où se retrouve le gratin de l'économie mondiale. Il comprend alors que l'épidémie de Covid-19 à Wuhan (Chine) annonce une future pandémie. Et trois jours plus tard, toujours à Davos, il annonce le partenariat noué entre sa société et le gouvernement américain, pour "arriver à mettre en place un vaccin de qualité qui puisse démarrer les essais cliniques le plus tôt possible".

La vitesse sera d'ailleurs l'argument décisif employé par le Français pour convaincre la Maison Blanche, le 2 mars 2020 : "Avec son accent français, il assure à un Trump médusé, au nez et à la barbe des PDG des Big Pharma [les grandes sociétés pharmaceutiques], qu’il ne lui faudra que quelques mois pour mettre au point son vaccin", raconte Le Figaro. Banco : Donald Trump est séduit et les pouvoirs publics américains mettent un milliard sur la table.

L'efficacité – et un management décrit comme "rude" – semblent constituer la double marque de fabrique du Marseillais qui aime, selon Le Figaro, "courir à l'aube pour évacuer la pression". En seulement 42 jours, Moderna est parvenu à "exploiter l’information génétique sur le Sars-CoV-2 publiée sur internet par la Chine", indique Le Figaro. Signe de rapidité encore : la société est la première à démarrer les essais de vaccin, dès le 16 mars 2020 à Seattle, selon le journal Forbes

Il est devenu milliardaire

L'homme, qui s'est établi aux Etats-Unis et dont l'épouse, Brenda, est une photographe américaine, voit désormais toutes les caméras du monde se tourner vers lui. "Il est devenu multimilliardaire grâce à son projet de vaccin contre le Covid-19, après avoir levé 1,3 milliard de dollars en Bourse par augmentation de capital", analysent Les Echos. Et il pèse désormais, selon Forbes2,8 milliards de dollars. Si son vaccin a le succès qu'il espère, ce n'est peut-être qu'un début. Il assure désormais le service "avant-vente" sur tous les plateaux du monde.

Résolument optimiste, il indiquait lundi 16 novembre à la Radio Télé Suisse (RTS, télévision publique) : "Je pense que d'ici l'été, il y aura assez de doses disponibles pour pouvoir vacciner toutes les personnes qui veulent être vaccinées, que ce soit en Suisse, en Europe, aux États-Unis et dans beaucoup de pays (...). Je pense qu'en Europe ou en Suisse, d'ici l'été, on peut envisager un retour à la normale."

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