Vaccin contre le Covid-19 : "Personne n'a craint de se faire injecter le vaccin contre la rougeole qui repose sur les mêmes mécanismes", affirme un immunologiste
Steve Pascolo, spécialiste de l'ARN messager, rappelle que si le vaccin contre le coronavirus a été rapidement disponible c'est parce que "beaucoup de personnes se sont portées volontaires pour participer à ces essais cliniques".
"Personne n'a craint de se faire injecter le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole qui repose exactement sur les mêmes mécanismes que ces nouveaux vaccins synthétiques à ARN [acide ribonucléique] messager anti-Covid-19", déclare lundi 4 janvier sur franceinfo Steve Pascolo. L'immunologiste, directeur de la plateforme ARNm thérapeutiques et chercheur à l'Hôpital universitaire de Zurich, en Suisse, est l'un des pionniers de l'ARN messager. Il explique que cela fait même "des millions d'années" que le corps humain est sujet aux injections d'ARN, quand il est infecté par exemple "par un rhinovirus". "Ca n'affecte pas notre ADN", répond-il aux anti-vaccins.
franceinfo : Qu'est-ce exactement que l'ARN ?
Steve Pascolo : L'ARN messager, c'est une copie d'un gène. C'est similaire à l'ADN, mais c'est éphémère. L'ARN messager est une copie de certaines pages du livre que constitue le chromosome. Vous pouvez imaginer une bibliothèque de 23 livres, qui sont 23 chromosomes, mais seulement certaines pages de ces livres sont photocopiées en ARN et sont lues et utilisées par la cellule pour donner une protéine. Par exemple, le gène de l'insuline est dans toutes nos cellules, mais il n'y a que dans les cellules du pancréas qu'il est photocopié en ARN, qu'il est lu et qu'il donne donc de l'insuline. Une fois que vous pouvez faire de l'ARN messager synthétique, vous pouvez coder n'importe quelle protéine en deux mois. C'est pour ça que les vaccins à ARN ont été les premiers à être testés dans le contexte du coronavirus.
Que répondez-vous aux anti-vaccins ?
Personne n'a craint de se faire injecter le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole [vaccin ROR] qui repose exactement sur les mêmes mécanismes que ces nouveaux vaccins synthétiques à ARN anti-Covid-19. La différence avec ces nouveaux vaccins à ARN, c'est que l'ARN est synthétique alors que dans les anciens vaccins, l'ARN était naturel. Et je veux même dire que l'injection d'ARN étranger dans notre corps, ça existe depuis des millions d'années.
Lorsqu'on se fait infecter par un rhinovirus, qui nous donne un rhume, il délivre son ARN messager dans nos poumons et nos cellules produisent les protéines du virus mais ça n'affecte pas notre ADN.
Steve Pascoloà franceinfo
Il faut que les gens comprennent que lorsqu'un vaccin est développé, ce qui prend du temps, c'est de recruter les personnes, de faire les tests et d'obtenir l'approbation entre les différentes phases cliniques des autorités. Tout ça est allé très vite avec le Covid, parce que beaucoup de personnes, qu'il faut applaudir, se sont portées volontaires pour participer à ces essais cliniques. C'est allé très vite pour recruter 30 à 40 000 personnes pour les essais de phase 3 et les autorités, au lieu d'attendre plusieurs mois entre les différentes phases, on regardé très vite les résultats.
Est-ce qu'il y a des inconvénients par rapport à un vaccin classique?
Non, il n'y a que des avantages. Si vous m'aviez posé la question en 1998, je vous aurais dit que le problème du vaccin à ARN synthétique était qu'il est moins efficace que les autres types de vaccins. À l'époque, l'ARN messager que nous formulions comme vaccin n'était pas aussi efficace que l'ADN, les protéines ou les virus. Mais l'aspect sécurité et flexibilité du vaccin à ARN nous a poussés à l'optimiser. On s'est dit que ça valait la peine de l'optimiser parce que ce vaccin, avec sa versatilité et sa sécurité, valait le coup de l'optimiser. C'est ce qui a été fait ces vingt dernières années pour arriver à un vaccin à ARN messager qui est maintenant hyper efficace.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.