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Éducation : la question de la reconnaissance des enfants transgenre à l’école se pose après le suicide d'une lycéenne à Lille

Les familles concernées parlent d'un parcours du combattant pour la reconnaissance d'un changement de genre par l'établissement scolaire.

Article rédigé par Alexis Morel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les élèves et le personnel éducatif se réunissent dans la cour du lycée Fénelon à Lille, le 18 décembre 2020, pour rendre hommage à une élève transgenre deux jours après son suicide. (DENIS CHARLET / AFP)

Le suicide d'une lycéenne transgenre à Lille, mercredi 16 décembre, repose la question de la prise en charge et de la reconnaissance des enfants transgenre à l’école. L'élève avait été exclue une journée de son établissement car elle portait une jupe. Sur les réseaux sociaux, certains mettent en cause une altercation filmée entre l'adolescente et une adulte, identifiée par des élèves comme un cadre de l'établissement, à propos de ce vêtement. Les familles concernées par la question font souvent état d'un vrai parcours du combattant pour qu'un établissement scolaire reconnaisse un changement de genre.

Le documentaire Petite fille, diffusé récemment par Arte l'a montré avec le cas de Sacha, 8 ans, née dans un corps de garçon et dont les parents ont du se battre pour faire reconnaître sa nouvelle identité de fille par son école jusqu'à devoir présenter une attestation médicale aux enseignants. Arnaud Alessandrin est sociologue à l'université de Bordeaux. Selon ce spécialiste des questions de genre et de discrimination, l'Éducation nationale n'est pas encore prête à bien gérer ces situations : "Ce qui se passe, c’est du cas par cas et de l’inégalité de traitement. L’élève et les parents, en fonction de l’établissement et des adultes qu’ils vont rencontrer, vont être écoutés ou absolument ignorés."

"Il n’y a pas de réglementation ni de circulaire sur cette question. Le hasard et donc la malchance font partie du parcours des jeunes trans dans l'Éducation nationale."

Arnaud Alessandrin, sociologue

à franceinfo

"Les professionnels de l’éducation nationale ne sont absolument pas armés. Ils sont démunis, et pétrifiés de devoir prendre en charge des questions dont ils n’avaient jamais entendu parler", explique Arnaud Alessandrin. Le sociologue dit avoir été sollicité par 48 établissements scolaires depuis septembre sur ces questions de transidentité. Un chiffre en augmentation, selon lui, par rapport aux années précédentes.

Un accompagnement possible selon le ministère

Pourtant, de son côté, l'Éducation nationale assure avoir fortement progressé sur cet accompagnement. Par exemple, le ministère explique qu'un collège ou un lycée peut accompagner un changement de genre en utilisant en interne le nouveau prénom d'usage de l'élève, même s'il n'y a pas eu encore de nouvel état civil. Il est possible d'utiliser ce prénom d'usage sur la carte de la cantine ou la liste d'appel de chaque classe. En revanche, pour tout ce qui est officiel comme les diplômes, il faut attendre le changement d'état civil.

Quant à la question du document médical, ce n'est pas du tout un pré-requis que peuvent exiger les établissements, selon le ministère. Plus globalement, sur cette question de la transidentité, l'Éducation nationale assure avoir tout un plan de formation avec des référents égalité-discrimination dans chaque académie qui peuvent conseiller les établissements. 

L'académie de Paris est particulièrement précurseuse avec un observatoire de la haine anti LGBT et des stages proposés aux personnels. Cela reste toutefois insuffisant selon les associations lycéennes, étudiantes, qui pointent aujourd'hui dans un communiqué des promesses ministérielles jamais tenues sur cette question.

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