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Reportage Grippe aviaire : dans les Landes, "on compte sur le vaccin pour être plus tranquilles"

La première campagne de vaccination obligatoire de 64 millions de canards a débuté en France. L’objectif est de lutter contre la grippe aviaire, propagée par les oiseaux migrateurs. La maladie oblige depuis plusieurs années la France à abattre des millions de canards et autres volatiles d’élevage.
Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Vaccination contre la grippe aviaire dans un élevage d'Eyres Moncube (Landes), septembre 2023 (SOLENNE LE HEN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Les petits canards jaunes âgés de dix jours défilent sous les mains des vaccinateurs, dans ce grand batiment d'élevage d'Eyres Moncube, dans les Landes. Deux personnes les attrapent au fur et à mesure, tandis que deux autres injectent une dose du vaccin contre la grippe aviaire sous la peau des palmipèdes, à l’aide d’une sorte de pistolet. Cela va très vite, confirme Xavier Banse, vétérinaire : "Les 4 000 canards de cette exploitation devraient être vaccinés en deux heures ou deux heures et demie."

Ils font partie des premiers canards vaccinés contre la grippe aviaire. L'opération doit durer plusieurs semaines. Une première dose à dix jours de vie, puis une seconde 18 jours plus tard, pour 64 millions de canards. Le défi logistique est immense.

>> Grippe aviaire : la vaccination démarre avec encore beaucoup de questions pour certains éleveurs

Sans baisser la cadence des canards qui passent sous sa seringue, Estelle Charles, vaccinatrice, s'enthousiasme : "Plus il y a de canards et plus on est contents. Cela veut dire que l'activité revient. Grâce à la vaccination, on va faire en sorte que ces canards vivent leur cycle de vie prévu, et qu'il n'y ait pas de souci cette année". Entre les lignes, elle pointe les abattages massifs : un million de canards ont été abattus cette année, des animaux malades ou euthanasiés de façon préventive. "Ça fait huit ans que l'on attend ce vaccin. C'est la seule issue pour continuer à produire. On compte dessus pour être plus tranquilles", reconnaît Mathieu Tauzin, jeune éleveur, qui a déjà subi quatre abattages.

Xavier Banse, vétérinaire (SOLENNE LE HEN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Les abattages massifs sont toujours des moments complexes dans les exploitations, raconte le vétérinaire Xavier Banse. Les éleveurs sont de grands gaillards. Mais dans ces moments-là, il y a toujours quelqu'un qui part en prétextant 'Tiens il faut que j'aille voir quelque chose à la maison', parce que c'est difficile".

Chaque vaccination coûte 1,50€ et ne sera pas forcément répércutée pour le consommateur, promet la filière 


Ce vaccin, administré en deux doses, protège de la maladie, pas forcément de la contamination. À l’avenir seuls les canards touchés par la grippe aviaire seront abattus et non plus l’ensemble de l’élevage. La filière espère gagner en sérénité. Mais cela a un coût. "Chaque vaccination coûte environ 1,50€, explique Patrick Faget, directeur des productions animales de la coopérative Maïsadour qui planifie la vaccination. Par chance, l'Etat nous aide à hauteur de 85% pour cette année. Il restera 15% à la charge de la filière, soit environ 40 centimes. Ils ne seront pas forcément répercutés pour le consommateur. Car les prix des charges sur les nutritions animales et les intrants baissent un peu. Donc le coût de la vaccination pourrait être gommé."

"Pour le consommateur, le magret, foie gras ou encore confit ne sera pas forcément plus cher que l'année dernière. Il sera même peut-être moins cher". 

Patrick Faget, de la coopérative Maïsadour

à franceinfo

Le temps qu'ils grandissent, ces canards vaccinés en ce début octobre, eux, n'arriveront pas dans les assiettes des Français pour Noël, mais un peu plus tard, au mois de janvier.

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