Journée mondiale de lutte contre le Sida : le Covid-19 complique la prise en charge des personnes séropositives
La crise de Covid-19 a bouleversé le suivi de nombreux patients touchés par le VIH alors que le dépistage du sida a considérablement reculé durant les confinements.
La crise sanitaire actuelle a eu des conséquences sur le suivi des personnes séropositives. En ce mardi 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le Sida, un constat s’impose : si le coronavirus n’est pas dans l’absolu plus dangereux pour les personnes séropositives sous traitements, l’épidémie a eu un profond impact sur le suivi des patients touchés par le VIH et sur la lutte contre le Sida.
Quand l'épidémie de Covid-19 a éclaté, Christophe n'a pas eu de difficulté à retirer son traitement contre le VIH en pharmacie. "Heureusement, dès le départ ils ont eu l’intelligence de faire que les ordonnances puissent être renouvelées directement par les pharmaciens", explique-t-il. Mais les choses ont été beaucoup plus compliquées pour traiter les effets secondaires du traitement de cet homme de 57 ans diagnostiqué séropositif en 1990. "J’ai eu un problème de crise d’épilepsie qui n'était pas apparu depuis un certain temps. Pour trouver un neurologue heureusement que j'avais des connaissances. Pour faire une IRM, il a fallu attendre sept jours", raconte Christophe.
Moins de suivi et moins de dépistages
L’épidémie de coronavirus, à l’image de ce qu’a vécu Christophe, a bouleversé le suivi de nombreux patients touchés par le VIH. Certains ont parfois rompu le lien avec leur médecin reconnaît Cédric Daniel, de l'association Actions Traitements. "Il y a eu cette tentation-là de personnes se qui se sont dits : j'ai peur d'être confronté avec des personnes qui ont la Covid, du coup moi je risque de l’attraper. On a eu [aussi] des personnes qui nous disaient : 'Je n'ai pas envie de d'ennuyer mon médecin. J'imagine qu'en ce moment, il a d'autres chats à fouetter. Il a d'autres cas plus graves que moi à traiter'." Avec parfois des risques encore plus importants pour les publics les plus précaires.
"On a la crainte que des personnes aient pu, à un moment donné, peut-être arriver en rupture de traitement et n'aient pas pris leurs médicaments pendant quelques semaines."
Cédric Danielà franceinfo
Autre conséquence de la crise sanitaire, le dépistage de la maladie a considérablement reculé avec 650 000 tests de moins sur les neuf premiers mois de 2020, selon la Société française de lutte contre le Sida. D’où un risque de passer à côté de cas positifs. Pour autant, le président de l'association Aides, Aurélien Beaucamp, veut relativiser. "On ne sait pas ce qui va se passer pour 2020, mais en même temps, on peut imaginer que pendant les périodes de confinement, il y a eu aussi moins de rencontres sexuelles, ce qui diminuerait d’autant le risque potentiel de rencontres du VIH." Pour éviter de faire courir le risque d'une épidémie cachée, AIDES a maintenu une campagne de dépistage sur les publics les plus vulnérables en envoyant par la poste neuf fois plus d'autotests à réaliser à domicile qu'en 2019.
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