RDC : MSF se mobilise contre la rougeole
Bientôt trois mois que la province de Katanga, en République démocratique du Congo, est frappée par la rougeole. Mille nouveaux cas se déclarent chaque semaine dans cette région de la taille de l'Espagne. Sur place, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) essayent de pallier la progression du virus en incitant à la vaccination.
"L'épidémie devrait durer encore six mois, même si nous mettons tout en place pour la ralentir", nous explique de RDC, Jean-Guy Vataux, chargé de mission sur place pour MSF. Pour l'instant, 15.000 cas ont été déclarés, principalement des enfants. "Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg", souligne-t-il. Car ce ne sont que les cas officiels, recensés dans les centres de soins payants, "ce qui exclut donc une grande partie de la population" précise Jean-Guy Vataux.
En RDC, les plus pauvres sont privés de soins car trop chers. Une consultation est facturée 1000 Francs, soit l'équivalent de trois jours de salaire minimum. Faute de moyens, l'accès à la vaccination contre la rougeole est alors limité. "Suite à la grande épidémie de rougeole en 2011, la couverture vaccinale aurait dû être bonne car la population a été largement vaccinée", indique Jean-Guy Vataux, qui précise que quatre ans plus tard les efforts de vaccination se sont essouflés, à cause des manques de moyens locaux. Dans la région, seulement 30 à 40% des enfants sont vaccinés contre ce virus.
Faim, malaria, pauvreté…
Le Katanga, une région très pauvre, reste également très enclavée. "Les routes sont en très mauvais état. Il nous faut par exemple trois jours pour faire 700 km" explique-t-il. Et les infrastructures locales sont souvent en pénurie de médicaments, de vaccins et de personnel. "Dans les centres de santé de ces régions il y a environ trois ou quatre médecins pour 300.000 habitants…" ajoute-il. Face à cela, les complications et décès causés par la rougeole se multiplient. 10% des personnes contaminées décèdent. Et cette mortalité a même grimpé à 20% au début de l'épidémie.
Souvent dénutris, les enfants sont particulièrement vulnérables au virus. Et les deux tiers de ceux qui sont admis à l'hôpital sont également infectés par le paludisme. "A cause de la faim et la malaria, 3% de la population est déjà estimée en danger de mort, donc avec la rougeole en plus, leurs chances de survie sont très affaiblies", explique Jean-Guy Vataux.
La vaccination des enfants au cœur du combat
Electricité et eau potable sont rares dans cette région. Certaines villes ne fonctionnent que sur des générateurs électriques. Comment assurer alors une bonne couverture vaccinale quand la chaîne du froid peut être rompue par manque de réfrigérateur ? Car le vaccin requiert d'être conservé entre 2°C et 8°C pour garder toute son efficacité. Sur place, MSF, essaye tant bien que mal de pallier l'épidémie, avec l'aide du ministère de la Santé congolais.
"Nous avons ouvert des unités d'hospitalisations, avec par exemple l'ouverture de 50 lits à Malemba Nkulu et nous approvisionnons aussi la région en médicaments, en proposant des soins gratuits ce qui est le plus important", précise Jean-Guy Vataux. MSF propose des campagnes de vaccination pour tous les enfants de 6 mois à 15 ans, tranche d'âge qui représente 97% des personnes contaminées. Au cours des six dernières semaines, plus de 100.000 enfants ont déjà été vaccinés.
"Avec les campagnes de sensibilisation à la vaccination, nous arrivons à convaincre. La population connait très bien la rougeole et la redoute, c'est donc facile de la motiver pour se faire vacciner, mais encore faut-il avoir les moyens financiers de le faire" ajoute-il, précisant que les équipe de MSF ont besoin d'un soutien matériel, financier et humain pour ralentir l'épidémie. "La rougeole réapparait en général tous les trois à quatre ans dans la région, d'où l'importance que nous soyons tous mobilisés", rappelle Jean-Guy Vataux. Trois millions de personnes vivent dans la région du Katanga, dont 1 million d'adolescents potentiellement exposés à la rougeole.
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