Pour protéger vos artères, dormez, mais avec modération
Comme le dit le dicton populaire, "le sommeil, c'est la moitié de la santé". A condition toutefois de ne pas en abuser : une étude publiée le 10 septembre dans la revue de cardiologie Arteriosclosis, Thrombosis and Vascular Biology, suggère en effet que lorsque l'on dort trop, ou pas assez, nos artères en pâtissent de la même façon.
Des chercheurs sud-coréens ont ainsi interrogé plus de 47.000 jeunes et adultes d'âge moyen en bonne santé sur la durée et la qualité de leur sommeil. Puis ils les ont soumis à une batterie de tests pour mesurer leur rigidité artérielle et le taux de calcium (qui est un marqueur de lésion précoce) dans les artères nourricières du coeur, les coronaires.
Après analyse, les scientifiques se sont aperçus qu'indépendamment de leur qualité de vie, ceux qui se contentent de cinq heures maximum de sommeil par nuit ont un taux de calcium 1,5 fois plus élevé que celui des personnes qui font des nuits de sept heures. Mais le plus étonnant, c'est que le taux de calcium des dormeurs qui passent au moins neuf heures par nuit au lit est en moyenne 1,7 fois plus élevé que ceux alignant leurs sept heures de sommeil.
La qualité du sommeil possède également un impact sur la bonne santé vasculaire. Celles et ceux qui dorment mal ont un taux de calcium dans les artères coronaires 1,2 fois supérieur à celui des personnes dont le sommeil est de qualité.
Une nuit idéale pour les artères : 7 heures de sommeil
En ce qui concerne la rigidité artérielle - qui traduit le dépôt de plaques dans les vaisseaux sanguins - les résultats ont été similaires, explique dans un communiqué le Pr Yoosoo Chang, co-auteur de l'étude. "De manière générale, nous avons observé un niveau d'atteinte vasculaire plus faible chez les adultes qui dormaient sept heures par jour et estimaient que leur sommeil était de bonne qualité", ajoute-t-il.
Les conséquences sur le corps d'une nuit trop courte ou d'un sommeil de mauvaise qualité sont nombreuses : hypertension, présence de marqueurs inflammatoires dans les vaisseaux sanguins. Selon une récente étude, le système immunitaire aussi souffrirait de la fatigue : ceux qui dorment moins de six heures par nuit auraient quatre fois plus de chance de s'enrhumer !
En revanche, les conséquences délétères des nuits à rallonge (neuf heures et plus) chroniques sont encore peu étudiées. Selon les chercheurs sud-coréens, elles pourraient, elles aussi, être liées à la circulation de marqueurs inflammatoires dans les artères.
Si cette étude n'est pas la première à confirmer l'hypothèse d'un lien entre sommeil et maladies cardiovasculaires, elle est en revanche la seule à reposer sur un échantillon de personnes aussi vaste. Bien que les caractéristiques du sommeil des patients aient été relevées par auto-évaluation, les résultats apportent donc, selon les auteurs, une preuve solide.
"Pour les médecins, il pourrait être nécessaire d'évaluer la qualité du sommeil de leurs patients lorsqu'ils évaluent le risque cardiovasculaire et l'état de santé des hommes comme des femmes", conclue ainsi Chan-Won Kim, clinicien et co-auteur de l'étude.
Combien de temps un adulte doit-il dormir ?
Si l'on veut être en forme la journée, la nuit de sommeil doit durer idéalement entre sept et huit heures. C'est du moins ce qu'ont calculé des chercheurs finlandais dans une étude publiée dans la revue Sleep en septembre 2014. Leur conclusion : pour limiter au maximum le risque d'être malade, une femme doit dormir 7h36 et un homme 7h48.
Bien entendu, ces chiffres ne sont que des moyennes : les besoins diffèrent d'un individu à l'autre. Malgré tout, dans nos sociétés, peu d'adultes se paient le luxe ou ont le temps de dormir suffisamment. Et les Français ne sont pas épargnés, puisqu'un sur trois dort moins de six heures par nuit.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.