Variole du singe : des associations LGBTQI+ demandent d’étendre l’accès au vaccin aux hommes ayant des relations homosexuelles
La Haute autorité de santé (HAS) a été saisie pour rendre un avis sur l’élargissement de la vaccination contre la variole du singe à tous les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, pas seulement aux cas contact.
La propagation de la variole du singe, particulièrement chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, inquiète les associations LGBTQ+. Elles demandent au gouvernement d’étendre la vaccination préventive à tous les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, mais aussi aux travailleuses et travailleurs du sexe. Ces populations représentent la majorité des personnes contaminées, même si des cas ont aussi été détectés chez des personnes immunodéprimées et quelques enfants. "Il faut pouvoir proposer une vaccination en préexposition, avant de se retrouver en contact avec le virus", presse Franck Barbier, responsable parcours et programme chez Aides.
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La Haute autorité de santé (HAS) a été saisie, lundi 4 juillet, pour rendre un avis à ce sujet. Pour le moment, la HAS recommande uniquement la vaccination des cas contact, notamment des professionnels de santé, si possible dans les quatre jours après l’exposition au virus. "C’est loin d’être suffisant, c’est ce qu’on dit depuis 40 ans pour le sida, depuis deux ans pour le Covid", s'emporte Marc-Antoine Bartoli, coordinateur d’Act-up Paris, association historique de lutte contre le sida.
"Il y a une explosion de cas, un manque d’information, un manque de prévention, un manque de doses", prévient le militant. Plus de 6 000 cas ont été enregistrés dans le monde, d’après le décompte de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) du 6 juillet. Le nombre de personnes infectées a augmenté de plus de 50% entre le 22 et le 30 juin. L’OMS va à nouveau convoquer son Comité d’urgence pour juger de la gravité de la crise sanitaire. "La situation va devenir incontrôlable dans les jours, voire les semaines à venir si rien n’est fait", souligne Marc-Antoine Bartoli qui se dit "en colère" contre les autorités sanitaires françaises.
Limiter la propagation de la maladie grâce au vaccin
Comme pour le vaccin contre le Covid-19, cette vaccination préventive permettrait "une réduction de la sévérité de la maladie et une réduction des transmissions", explique Franck Barbier. Il n'existe pas encore de vaccin spécifique contre la variole du singe, c'est un vaccin contre la variole qui est injecté. Le Royaume-Uni recommande déjà de vacciner tous les hommes ayant des relations avec plusieurs hommes. Aux Etats-Unis, plus de 50 000 doses de vaccin ont été distribuées dans les zones particulièrement touchées, dès la fin juin.
L'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMEeds) s'interroge sur les raisons de ce retard à l'allumage en France, sur le nombre de doses disponibles et sur l'emplacement des stocks. "Ce silence est particulièrement inquiétant, car lors de la première vague de la crise du Covid-19, l’exécutif avait été amené en avril 2020 à mentir sur l’intérêt du masque et du dépistage pour ne pas avoir à reconnaître publiquement que les stocks avaient été dilapidés", relève OTMeds.
Pour plus d’efficacité, les associations LGBTQ+ souhaitent que ces vaccins soient disponibles ailleurs qu’à l’hôpital. "Il faut essayer de vacciner dans les centres de santé sexuelle communautaires, dans les CeGIDD [Centres gratuits d’information, de dépistage, et de diagnostic par les virus de l’immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissible], parce que ce sont des structures sur le terrain qui connaissent bien les populations exposées et leur mode de vie", détaille Erwann Le Hô, coordinateur du Centre LGBTQIA+ de Côte-d’Azur et vice-président du comité régional de coordination de lutte contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST).
C’est d’autant plus important que les symptômes de la variole du singe (fièvre, maux de tête intenses, douleurs musculaires, douleurs dorsales, éruption cutanée, lésions, etc.) peuvent être confondus avec ceux d’autres IST. "Les patients vont donc se rendre là où ils se rendent habituellement en cas d’IST", c’est-à-dire les CeGIDD ou les centres de santé sexuelle communautaires, souligne Franck Barbier d’Aides.
De la prévention, mais pas de stigmatisation
En attendant l’élargissement de la vaccination, associations et autorités de santé publique appellent à la vigilance. Il faut surveiller l’apparition de symptômes, s’isoler et consulter un médecin en cas de contamination. Erwann Le Hô recommande même d’éviter de multiplier les partenaires sexuels pendant quelques temps.
Les associations demandent aux autorités de santé de cibler une population, en l’occurrence les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les travailleuses et travailleurs du sexe, mais elles veulent aussi éviter toute stigmatisation. "Quand vous stigmatisez quelqu’un parce qu’il est malade, vous le mettez au ban de la société et cela n’incite pas à se soigner ou à rentrer dans un circuit de prévention", précise Erwann Le Hô. Selon le coordinateur du Centre LGBTQIA+ de Côte d’Azur, "les premiers cas graves de variole du singe ont été baladés de lieu en lieu et ont fait face à une stigmatisation et à une homophobie assez forte. Un visage avec des marques sombres qui commencent à apparaitre, ça rappelle les premières heures, les heures sombres du sida en France."
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