Variole du singe : "Il faudrait, dans l'idéal, 300 000 doses" de vaccin, estime le directeur général d'Aides
La vaccination préventive contre le monkeypox a été élargie lundi à toutes les personnes à risques, notamment la communauté des hommes homosexuels. Marc Dixneuf demande plus de moyens pour pouvoir répondre à la demande.
La variole du singe compte ce jeudi 1 450 cas en France. La vaccination préventive contre cette maladie a été élargie le lundi 18 juillet à toutes les personnes à risques, notamment la communauté des hommes homosexuels, particulièrement exposée. Marc Dixneuf, directeur général de l'association Aides qui lutte notamment contre le VIH, appelle jeudi sur franceinfo à renforcer ce qu'il considère comme une bonne mesure.
franceinfo : Y a-t-il un risque de stigmatisation des personnes homosexuelles ?
Marc Dixneuf : Le risque existe toujours, c'est sûr. Mais la première stigmatisation, ça serait surtout de ne pas considérer quel public est concerné en priorité. Je crois qu'assez malheureusement ajourd'hui, en France, la stigmatisation des homosexuels n'a pas besoin de la variole du singe pour être totalement libérée. Donc, je crois que le sujet aujourd'hui, c'est de mettre en œuvre une politique de vaccination efficace au plus proche des personnes.
Comment jugez-vous la politique de vaccination actuelle ?
Là, on a 30 000 doses de disponible en France pour cette vaccination [30 000 doses, a appris franceinfo auprès de la Direction générale de la Santé ce jeudi, dont 20 000 doses déjà sur le terrain]. Nous, on estime que ça peut concerner 150 000 personnes en France. Comme il faut deux doses, il faudrait 300 000 doses dans l'idéal. On est assez loin du compte.
Il faut reconnaître que les services de l'Etat se sont mobilisés très rapidement, mais il y a encore beaucoup de travail à faire.
Marc Dixneuf, directeur de Aidesà franceinfo
L'information est largement diffusée maintenant par les réseaux sociaux et par les médias : les personnes concernées (les hommes qui ont des relations sexuelles avec les hommes) sont globalement très bien informées et ils cherchent tous à avoir les créneaux possibles. Donc on voit qu'il y a des goulots d'étranglement liés à la fois à la disponibilité des créneaux, au nombre de doses disponibles, au nombre de personnes qui peuvent réaliser cette vaccination. C'est un ensemble de facteurs.
Le fait que l'OMS puisse aujourd'hui décider que c'est une urgence sanitaire mondiale, est-ce que ça aurait un effet incitateur, un effet réveil pour tout le monde?
Le réveil, je crois qu'en France, il est là. Il y a une conscience réelle. Le fait que le ministère de la Santé ait donné le nombre de doses disponibles montre la vigilance dans laquelle il est. Je pense qu'aujourd'hui, il faut élargir les lieux de vaccination, en avoir un plus grand nombre, que les professionnels de santé comme les pharmaciens puissent être mobilisés pour ceux qui le souhaitent, des amplitudes horaires importantes : les gens travaillent, donc ils ont besoin d'avoir des rendez-vous soit très tôt, soit très tard dans la journée. C'est la diversification des lieux qui est importante et l'accès à l'information sur : où sont les lieux, à quelles heures ? Il faut des gens au bout de la ligne de téléphone qui peuvent être indiquées sur les sites des agences régionales de santé.
C'est un autre enjeu, mais c'est essentiel aussi : savoir de quelle manière cette maladie se transmet ?
Les virologues disent que la transmission se fait par les fluides, par pustules, par écoulements. Il faut que les couples, par exemple ou l'une des deux personnes a la variole du sing soient extrêmement attentifs. Il y a des groupes d'échanges qui rassemblent plusieurs dizaines de personnes qui échangent des conseils pour accéder à la vaccination, sur comment éviter les cicatrices, comment contrôler la douleur car ça peut être extrêmement douloureux. Il y a un réseau de solidarité intracommunautaire qui se met en place, ce qui est assez classique. C'est un autre parallèle avec la lutte contre le VIH : l'échange entre les personnes malades permet de connaître plus rapidement les bonnes solutions.
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