Variole du singe : l'épidémie recule mais n'a pas encore disparu
Depuis mi-juillet, la courbe des contaminations a très nettement baissé en Europe de l'Ouest et en Amérique du nord. Toutefois, certains pays d'Amérique centrale et latine connaissent encore une hausse du nombre du cas.
"On s'achemine vers la fin, mais on n'y est pas encore." L'épidémie de variole du singe est en plein recul, déclare à l'AFP le virologue Jean-Claude Manuguara, vendredi 21 octobre. Avec plus de 70 000 cas dans une centaine de pays depuis mai, "une épidémie de 'monkeypox' si importante en si peu de temps, c'est du jamais-vu", a rappelé ce chef de l'unité environnement et risques infectieux à l'Institut Pasteur.
Si depuis mi-juillet, la courbe des contaminations a très nettement baissé en Europe de l'Ouest et Amérique du Nord, certains pays d'Amérique centrale et latine connaissent encore une hausse. De plus, à l'heure actuelle, la variole du singe est "endémique" dans une dizaine de pays africains. Dans ces zones, l'épidémie, plus létale, découle majoritairement de contacts avec la faune, en milieu rural.
"La source africaine reste présente et, dans un contexte où il peut y avoir des mouvements de population, on peut avoir à tout moment de nouveaux cas exportés et une nouvelle vague épidémique", prévient Steve Ahuka Mundeke, chef du département virologie à l'Institut de recherche biomédicale de République démocratique du Congo et membre d'une équipe IRD-Inserm. Ces derniers mois, "on a encore vu que les stratégies globales ne sont déployées que lorsque les pays du Nord sont touchés, ce qui ne dédouane pas du tout les autorités sanitaires africaines", remarque-t-il.
Changement des comportements et vaccination
Là où l'épidémie décline, les experts pointent le rôle déterminant du changement des comportements au sein des communautés à risque, notamment grâce au rôle "des associations, peut-être plus écoutées que les autorités et plus proches du terrain", suggère Jean-Claude Manuguerra. Des enquêtes soulignent que plus de la moitié des hommes ayant des relations avec des hommes ont ainsi réduit leur nombre de rencontres sexuelles.
Quant à la vaccination, "elle a aidé, mais le nombre de vaccins disponibles reste faible", rappelle à l'AFP Carlos Maluquer de Motes, professeur de virologie à l'Université britannique du Surrey. Le vaccin reste conseillé en prévention et post-exposition. Son efficacité clinique n'est pas encore étayée par des "données solides", selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, mais elle présente des résultats préliminaires positifs.
En tout état de cause, "des incertitudes importantes demeurent sur l'évolution de l'épidémie", souligne l'agence européenne, qui dessine quatre scénarios. Pile : rebond de l'épidémie, lié notamment au retour de comportements à risque, ou circulation réduite du virus avec des flambées sporadiques. Face : recul persistant de l'épidémie, voire élimination de la maladie en Europe.
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