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Pradaxa : l'agence du médicament craint l'arrêt des traitements

Après la plainte des familles de quatre personnes décédés alors qu'elles prenaient du Pradaxa, l'Agence national du médicament demande aux patients de ne pas arrêter la prise de l'anticoagulant. Les poursuites contre le laboratoire Boehringer Ingelheim interviennent moins d'un mois après une mise en garde de l'Agence nationale du médicament sur ce médicament apparu en 2008.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

Fin septembre, une alerte a
été lancée sur trois médicaments anticoagulants
de nouvelle génération (NACO) :
Eliquis, Pradaxa et Xarelo (apparus en 2008)  Les familles de quatre personnes sous Pradaxa, décédées
début 2013, viennent de porter plainte contre Boehringer Ingelheim, le laboratoire
allemand qui commercialise le médicament. Les victimes, âgées de 78 à 84 ans
étaient originaires des régions de Lille, Strasbourg, Paris et Grenoble. 

En réponse à ces plaintes, le fabricant allemand promet dans un communiqué de se tenir  "à la disposition des autorités qui conduiront les investigations et avec lesquelles le laboratoire collaborera activement ". Le groupe pharmaceutique indique en revanche qu'il "ne connaît pas le contexte médical des patients concernés ".

"Ne pas interrompre le traitement "

Les plaignants visent
également l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
(ANSM, ex Afssaps). Ils lui reprochent d'avoir méconnu les principes de
précaution et de prévention. L'avocat des familles appelle toutefois à "ne
pas arrêter son traitement sans avis médical
". 

Un point partagé par l'Agence du médicament. Elle "rappelle l'importance des traitements anticoagulants et demande à tous les patients de ne pas interrompre leur tratement et en cas de doute de consulter leur médecin ". Près d'un million de Français serait concerné par la prise de cet anticoagulant de nouvelle génération.

Une molécule pas assez
étudiée

Dans un point mis en ligne sur son site, l'Agence nationale du médicament prévient le
laboratoire allemand que "les événements hémorragiques majeurs, y compris ceux ayant
entraîné une issue fatale, ne concernent pas seulement
" une classe d'anticoagulants
plus ancienne, les antagonistes de la vitamine K (AVK) mais aussi les NACOs
(nouveaux anticoagulants oraux). Les prescripteurs "ne sont pas
suffisamment informés de la prise en charge des risques hémorragiques
",
selon l'ANSM.

►►► Le point de l'ANSM sur
les quatre anticoagulants jugés inquiétants
 

Selon la plainte
déposée, le risque hémorragique du Pradaxa et des autres NACOs n'est pas
supérieur à celui des AVK... "sauf pour les personnes âgées ",
explique Me Philippe Courtois. "On ne devrait pas leur donner du Pradaxa ",
insiste-il. Les seniors "sont très peu représentés dans les études, alors
que ce sont eux qui sont le plus exposés
". La molécule "n'a pas été
assez étudiée, notamment chez les patients les plus fragiles
", selon la
plainte.

L'avocat des plaignants
souligne également qu'il "n'existe pas d'antidote, ni de traitement
spécifique d'efficacité prouvée en cas de survenue d'un accident hémorragique
liée à l'action de ces médicaments
". En clair, explique Me Courtois,
"s'il y a une hémorragie, on ne peut pas l'endiguer ".

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