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Relocalisation de la production de 50 médicaments en France : "Nous verrons les bénéfices dans dix ans", déclare la Fédération des syndicats pharmaceutiques

"Il faut aussi qu'on ait des solutions à court terme", a déclaré sur franceinfo Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. "On a besoin sur la santé et notamment sur le médicament, d'avoir une indépendance au moins européenne".
Article rédigé par franceinfo
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Le président Emmanuel Macron lors de la présentation de son plan pour relocaliser la production de 50 médicaments en France, le 13 juin 2023. (ERIC GAILLARD / POOL / AFP)

"C'est un projet très très important, mais de moyen terme. Nous verrons les bénéfices dans dix ans. C'est important de relocaliser, c'est même essentiel. Mais il faut aussi qu'on ait des solutions à court terme", a déclaré mardi 13 juin sur franceinfo Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), alors qu'Emmanuel Macron s'engage à relocaliser la production de 50 médicaments. Depuis l'Ardèche, le président de la République a présenté un plan afin de retrouver une souveraineté pharmaceutique. La France fait face à une pénurie de médicaments.

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"Il faut arriver à retrouver notre indépendance stratégique sur ces produits", dit-il, mais "il faut jouer sur les stocks, il faut jouer sur la complémentarité médecin pharmacien pour pouvoir avoir éventuellement des alternatives thérapeutiques" et "les laboratoires pharmaceutiques doivent la transparence sur l'état de leurs stocks", a-t-il estimé.

L'indépendance de la France "est vitale" au même titre que sur "l'aviation, sur l'espace, sur l'armement" ou "sur l'énergie", selon lui. "On a besoin sur la santé et notamment sur le médicament, d'avoir une indépendance au moins européenne", a-t-il préconisé.

Investir pour éviter "les pénuries de demain"

La relocalisation de la production de 50 médicaments en France prendra entre plusieurs mois et plusieurs années en fonction des situations, a estimé sur franceinfo Thierry Hulot, président de l'organisation professionnelle des Entreprises du médicament (LEEM) et PDG de Meerk France. "Le temps industriel, malheureusement, est un temps long, mais c'est en investissant aujourd'hui qu'on évitera les pénuries de demain", explique-t-il.

Le président de la République a assuré que la moitié de ces médicaments verraient "leur production relocalisée ou augmentée significativement dans les semaines à venir". "S'il s'agit de mettre un nouvel équipement dans une usine pour qu'elle produise plus, ça prend quelques mois, parce qu'il faut commander l'équipement, le valider et qu'il soit qualifié par les autorités de santé", détaille Thierry Hulot. "S'il faut construire un nouveau bâtiment, vous imaginez toutes les autorisations nécessaires, ça peut prendre deux ou trois ans. Si on construit une usine en partant d'un champs, ça peut prendre quatre ou cinq ans", précise le président du LEEM.

"Diversifier les approvisionnements"

"Relocaliser sur un seul producteur, c'est un risque même en France, même en Europe", estime Catherine Simonon, administratrice de la Ligue contre le cancer et membre du bureau de France Assos Santé, sur franceinfo. Catherine Simonin craint les pénuries, malgré cette relocalisation, si l'unique producteur n'est plus en capacité de fournir assez de médicaments. "Il faut réfléchir sur toute la chaîne industrielle", "identifier les zones de risque" et "diversifier les approvisionnements", explique-t-elle. 

Pour éviter les risques de pénuries et donc de perte de chance pour les patients qui ne trouvent pas de traitement, les associations dont Catherine Simonin fait partie demandent quatre mois de stock de sécurité. Dans Le Parisien, le ministre de la Santé François Braun a révélé une liste de 450 "médicaments essentiels" pour lesquels "les industriels devront avoir quatre mois de stock". Jusque là, il n'y avait que deux mois de stock pour plusieurs milliers de médicaments d'intérêt thérapeutique majeur. 

La santé "de dizaines de milliers de personnes" est mise en danger

"C'est largement insuffisant", commente Bruno Lamothe, chargé de plaidoyer au sein de l'association Renaloo (association des malades du rein), sur franceinfo mardi 13 juin dans la soirée. "On est dans une urgence sanitaire majeure aujourd'hui, là, à l'instant", presse-t-il. "On a des médicaments qui manquent depuis des années, qui sont en rupture ou en tension depuis des années, et qui ne sont pas dans la liste des 50 médicaments prioritaires identifiés par le président de la République", explique Bruno Lamothe. Certains sont "pourtant essentiels pour la survie des greffons, notamment des corticoïdes et d'autres médicaments plus innovants comme le Bélatacept qui améliore la vie des personnes greffées", précise-t-il.

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A cause des pénuries, l'association Renaloo voit beaucoup de "personnes obligées d'aller à l'étranger pour récupérer des corticoïdes qui sont essentielles au quotidien pour la survie de leur greffon", témoigne Bruno Lamothe. Selon lui, la pénurie "met en jeu la santé de dizaine de milliers de personnes qui ne trouvent pas de solution". Renaloo a saisi l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM),  pour l'alerter de la pénurie de cortisone et de ces effets sur les patients greffés du rein.

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