: Reportage Pénurie de médicaments : au coeur d'une usine Sanofi qui produit "340 000 comprimés de Doliprane par heure"
Malgré les tensions, le géant de l'industrie pharmaceutique annonce une production record de boîtes de Doliprane en 2022. Reportage sur le site de Lisieux, en Normandie.
C’est une pénurie qui touche depuis des semaines le médicament numéro un en France : le paracétamol. En pharmacie, il manque notamment sous la forme en sirop pour les enfants. La matière première, le principe actif paracétamol, achetée à l’étranger ne fait pas défaut : c’est sa transformation en gélule, comprimé, sachet, sirop ou suppositoire qui n’arrive pas à suivre la demande. Pourtant, le groupe pharmaceutique Sanofi, premier fabricant français, annonce une production record pour 2022 : 420 millions de boîtes de Doliprane ont été produits et vendus.
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Dans la plus grande usine de Doliprane du groupe français à Lisieux en Normandie, la production tourne à plein régime. Les gros tuyaux de l'usine n'arrêtent pas de cracher les comprimés tout juste produits. Aurélie Rouaux, la responsable de production du site de Lisieux, annonce que 5 000 comprimés sont produits chaque minute. "Nous avons des machines à haute cadence. C'est ce qui se fait de mieux sur le marché. On va en faire à peu près 340 000 par heure."
Les sirops pour enfants ont, eux aussi, connu un record de production l'année passée. "On en a produit en 2022 plus 49 % de ce qu'on avait déjà produit en 2021, explique Rafik Amrane, en charge des affaires industrielles chez Sanofi. Sachant que l'année 2021 avait été un record de production qui avait déjà battu le record de production de l'année 2020."
Les épidémies font augmenter la demande
Malgré ces cadences industrielles, il y a toujours une forte tension pour le paracétamol en France et des ruptures de stock. La crise du Covid-19 est responsable de cette situation inédite. Le paracétamol a été le médicament le plus recommandé par les autorités sanitaires. À cette crise du Covid, cet hiver, la France a fait face à deux autres épidémies : celle de la grippe et de la bronchiolite.
Chez Sanofi, on refuse donc la critique consistant à dire que les industriels pharmaceutiques ne produisent pas assez et n'ont pas anticipé la hausse de la demande. "Cette usine tourne 24 h sur 24 depuis la fin du printemps, rajoute Rafik Amrane. Pour donner un ordre de grandeur, il y a environ dix ou onze boîtes de Doliprane qui sortent par seconde de cette usine."
"On a vraiment anticipé. Effectivement, personne n'était en mesure de savoir qu'il allait y avoir toutes ces épidémies."
Rafik Amrane, en charge des affaires industrielles chez Sanofià franceinfo
Du côté du gouvernement, on pointe plutôt les mouvements sociaux, notamment dans l'usine de Lisieux ces derniers mois, pour expliquer ces tensions d'approvisionnement du Doliprane. Un argument que rejette de nouveau Rafik Amrane : "Comme dans beaucoup d'endroits en France, il y a eu des mouvements sociaux dans le cadre de l'inflation. Mais, ils n'ont eu que très peu d'impact sur notre production, sur ce site et sur nos autres sites"
Dans ce contexte de pénurie, la solution serait de "pousser les murs" : agrandir ou construire des usines. Sanofi dit attendre la publication des résultats financiers du groupe dans presque trois semaines pour faire de possibles annonces sur le sujet.
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