Sida : les antirétroviraux empêchent la transmission du VIH
La 8ème conférence de la Société internationale de lutte contre le sida (IAS 2015) se tient actuellement à Vancouver (Canada) du 19 au 22 juillet. Cette rencontre, qui réunit plus de 6.000 chercheurs, cliniciens et experts, est l'occasion pour les scientifiques de présenter leurs dernières recherches à la communauté internationale. Plusieurs d'entre elles concernent cette année le rôle primordial des thérapies antirétrovirales dans la lutte contre la transmission du virus. Ainsi, au terme d'une étude de dix ans, des chercheurs du National Institutes of Health ont annoncé que le risque de transmettre le sida pour les personnes infectées, chuterait considérablement lorsqu'un traitement antirétroviral est suivi.
Réduire les risques de transmission
Les chercheurs ont testé sur près de 1.600 couples hétérosexuels âgés de plus de 18 ans et originaires de différents pays tels que le Bostwana, l'Inde, le Brésil ou les Etats-Unis, l'efficacité d'un traitement antirétroviral, associé à des relations sexuelles protégées. Dans chaque couple, l'un des partenaires était sain, et l'autre était atteint du sida et a suivi la thérapie. Dix ans après le début des travaux, les résultats montrent que débuter de manière précoce (avant que le système immunitaire ne soit trop faible) un traitement antirétroviral, réduit de 93% le risque de transmettre le virus.
Seuls 8 cas de transmissions du VIH ont été observés chez les personnes qui ont suivi le traitement en respectant la prescription et en se protégeant lors de leurs rapports. D'après les chercheurs, quatre des cas de transmissions du virus ont été découverts peu après le début de l'étude. Les autres infections ont été observées chez des patients qui ont développé une résistance à l'une des molécules du traitement d'après les scientifiques. "Nous n'avons pas observé de transmission du VIH lorsque le virus du partenaire infecté était supprimé par la thérapie antirétrovirale, a expliqué Myron Cohen l'un des auteurs de l'étude, selon Eurekalert. Ces découvertes montrent que le traitement est un outil incroyablement puissant pour la prévention du VIH", s'est enthousiasmé le chercheur.
Prévenir l'infection
D'autres travaux, également présentés lors de la conférence, ouvrent une piste prometteuse : la prévention médicamenteuse. Cette pratique, appelée prophylaxie pré-exposition, consiste, pour une personne saine dont le partenaire sexuel est porteur du sida, à prendre régulièrement des antirétroviraux afin d'éviter d'être infectée.
Pour les scientifiques, cette pratique, associée à des relations protégées, est particulièrement efficace et les effets secondaires sont mineurs. Ainsi, dans une étude menée chez 577 hommes homosexuels ou transgenres qui suivaient le traitement préventif, seuls deux participants ont contracté le virus. Des travaux, menés au Bostawana, ne relèvent quant à eux aucune transmission par le VIH chez les 229 personnes hétérosexuelles suivies et traitées à titre préventif.
Toutefois, les scientifiques ont déplorés le fait que ces traitements préventifs soient "trop peu souvent prescrit en dépit des résultats probants des essais cliniques", rapporte l'AFP. Pour autant, les thérapies préventives pour les adultes à haut risque sont très récentes : elles sont autorisés aux Etats-Unis depuis 2012, mais ne le sont pas encore en France.
Des obstacles qui commencent à être surmontés
Qu'ils soient suivis par des personnes saines (mais à risque), ou par des porteurs du VIH, ces traitements médicamenteux se heurtent à deux obstacles majeurs : leurs coûts et le sérieux dans le suivi du traitement. Le prix des médicaments reste un obstacle majeur dans les pays où la protection sociale est quasiment inexistante soulignaient les conférenciers, cités par l'AFP. Par ailleurs, il est difficile de s'assurer que chaque patient suit son traitement conformément à sa prescription.
Les efforts de la communauté internationale pour lutter contre le sida commencent cependant à payer : le 14 juillet dernier, l'ONU se félicitait d'avoir réduit de plus d'un tiers le nombre de nouvelles infections annuelles par le VIH. L'accessibilité aux traitements antirétroviraux augmente également : alors qu'en 2001 seul 1 million des malades bénéficiait de la thérapie, ils étaient près de 14 millions (41% des malades) en 2014.
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