"On ne sait pas ce que ça va donner sur la flore" : les paillettes vaginales, un produit qui inquiète les gynécologues
Une entreprise américaine commercialise des capsules vaginales pleines de paillettes et au goût de bonbon. Franceinfo a interrogé une spécialiste.
Des sécrétions vaginales paillettées et sucrées pour rendre la sexualité "plus amusante et agréable". Cette promesse est signée Pretty Woman Inc, une société américaine à l'origine des capsules vaginales "Passion Dust Intimacy Capsules", dont les médias anglophones se font le relais après le coup de gueule d'une gynécologue canadienne dans un post de blog (lien en anglais), publié dimanche 2 juillet.
Les capsules "Passion Dust" sont des petites gélules remplies de paillettes comestibles destinées à être insérées dans le vagin une heure avant un rapport sexuel. A base d’amidon de maïs, de poudre d’acacia et de stéarate végétal, elles se dissolvent pour libérer leurs paillettes au goût de bonbon, clé d'un "organisme scintillant", promet la marque sur son site internet. "Le goût est sucré comme un bonbon, décrit encore le fabricant, juste assez pour que votre vagin soit digne de ce que à quoi un vagin devrait ressembler : doux, agréable et magique".
Aucun test pour évaluer la sûreté du produit
Face à cette nouvelle pratique qui se répand outre-Atlantique, les médecins tirent la sonnette d'alarme. "Le problème, c'est que contrairement à des médicaments, il n'y a pas de tests en amont de la commercialisation pour les produits comme ça", déplore Elisabeth Paganelli, gynécologue et secrétaire générale du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France (Syngof), contactée par franceinfo. Aucune étude n'a donc été conduite pour établir la toxicité et la dangerosité du produit.
Sur le site internet du fabricant, le seul risque indiqué est celui de "créer des crises d'asthme si les paillettes sont ingérées pendant un cunnilingus". Mais des gynécologues britanniques craignent que ces capsules soient dangereuses pour leurs utilisatrices. "Le vagin contient un équilibre très fin de bonnes bactéries, qui sont là pour le protéger", explique ainsi le docteur Vanessa McKay, porte-parole de l'association des gynécologues britanniques, dans une interview à The Independent (lien en anglais).
Des risques d'infections
L'inquiétude est partagée par certains médecins français. Si elle n'a pas encore reçu de patientes ayant testé les paillettes, Elisabeth Paganelli les met en garde. "On ne sait pas du tout ce que ça va donner sur la flore vaginale qui est très vite déséquilibrée", poursuit la gynécologue, qui conseille la prudence.
Je dirais à mes patientes : 'Est-ce vraiment nécessaire ? Voulez-vous vraiment être les cobayes de ce produit ?
Elisabeth Paganelli, gynécologueà franceinfo
Selon les gynécologues britanniques, les femmes "prennent le risque de détruire" l'équilibre de leur flore, ce "qui peut engendrer des infections, des inflammations, ou aller jusqu'à la vaginose bactérienne". "Si la flore vaginale est déstabilisée, cela peut provoquer des gênes pendant le rapport sexuel. Le produit serait alors complètement contre-productif", souligne encore Elisabeth Paganelli qui voit dans ces paillettes "un objet de consommation qui n'apporte pas grand-chose au couple".
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