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Bore out : quand l'ennui au travail rend malade

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
France Télévisions

Tout le monde connaît le burn out, le syndrome d'épuisement professionnel. Mais 30% des salariés français souffriraient du phénomène inverse, nommé bore-out, l'ennui au travail qui peut avoir de graves conséquences sur la santé.

Pendant quatre ans, Frédéric a été mis au placard. Chargé des services généraux de son entreprise, progressivement, il n'a plus eu aucune tâche à effectuer. Il a alors sombré dans le bore-out, un trouble psychologique engendré par le manque de travail. Un phénomène qui n'a rien à voir avec l'ennui conjoncturel que tout salarié peut connaître à un moment ou à un autre de sa carrière. "On arrive le matin et on a moins de chose à faire. Les premiers jours, les premières semaines, on est plutôt heureux. Mais au bout de quelques semaines, Internet devient votre meilleur ami, vous n'avez plus que ça à faire et là, on commence à se refermer totalement sur soi (…) On s'enferme dans un bureau pour pleurer", explique Frédéric.

Frédéric s'isole aussi de ses amis pour ne pas leur révéler ce qu'il vit au travail. Une honte qui conduit à se replier sur lui-même. Le sentiment de solitude est immense : "On ne ressent plus rien, c'est-à-dire qu'on n'est plus du tout un être humain. Il n'y a plus d'estime de soi", raconte Frédéric.

Comme Frédéric, 30% des salariés français souffriraient de bore-out, un phénomène qui peut être destructeur. "La mise au placard peut déclencher des maladies comme des ulcères mais il peut aussi y avoir des dépressions qui vont jusqu'à des tentatives de suicide et des suicides", explique Dominique Lhuilier, psychologue du travail. Elle recommande aux patients atteints d'en parler au médecin du travail, aux organisations syndicales mais également à la direction des ressources humaines. "Il faut sortir de l'idée que c'est une question personnelle, honteuse, qu'il faut continuer à taire", poursuit Dominique Lhuilier.

Après quatre ans de bore-out, Frédéric a fait une crise d'épilepsie alors qu'il n'avait aucun antécédent. Selon ses médecins, c'est le résultat de son état de stress. S'ensuit un arrêt maladie. Il est alors licencié pour absence prolongée perturbant le bon fonctionnement de l'entreprise. Frédéric a attaqué son employeur en justice pour "licenciement abusif" et "harcèlement moral". En cas de victoire, cela pourrait ouvrir la voie à la reconnaissance du bore-out comme maladie professionnelle.

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