Cet article date de plus de cinq ans.

Souffrance au travail : des syndicats d'infirmiers lancent un observatoire en ligne

Quatre syndicats infirmiers créent une plateforme pour recueillir la parole des professionnels. Ils sont incités à déclarer les problèmes qu’ils rencontrent pour évaluer et apporter une réponse au mal-être infirmier.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Souffrance au travail : des syndicats d'infirmiers lancent un observatoire en ligne

Epuisement, perte de sens, dépression voire suicide... Face à la "souffrance infirmière", quatre syndicats - qui représentent les infirmières libérales, hospitalières et scolaires - lancent aujourd’hui, lundi 13 mai, un observatoire en ligne à destination de leur profession pour quantifier un malaise maintes fois dénoncé et tenter d'y remédier.

Le site se veut "une aide syndicale pour repérer les causes les plus fréquentes de souffrance au travail", pour "aider à une résolution" et "évaluer l'impact des mesures prises", expliquent les fondateurs de la plateforme. "Les souffrances au travail dans le milieu infirmier est extrêmement sous-déclaré" note Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI)

Des questionnaires en ligne

Accessible à l'adresse https://souffrance-infirmiere.fr/ cet observatoire de la souffrance au travail repose sur "un système de formulaire, de suivi et de statistiques", expliquent ses fondateurs. "Les infirmiers en difficulté sont invités à répondre sur le site à des questions fermées, pour pouvoir produire des données statistique", précise Thierry Amouroux. Pour pouvoir ensuite, si nécessaire, agir. "Les données pourront ensuite être analysées et croisées. S'il apparaît, par exemple, qu’il y a un problème dans un hôpital en particulier, et que nous avons une équipe sur place, elle pourra aller voir sur place ce qui se passe. Sinon, nous pourrons saisir l’ARS", ajoute le syndicaliste.

Des répondants formés à la souffrance au travail

A la fin du questionnaire, l’infirmier peut cocher une case indiquant qu’il souhaite (ou non) être recontacté. " 8 répondants travaillent sur la plateforme et peuvent rappeler les professionnels qui le souhaitent. Ce sont eux aussi des infirmiers de tous les secteurs, mais ce sont aussi des syndicalistes qui ont une connaissance du droit du travail. Et ils ont tous été formés à la question de la souffrance au travail", poursuit Thierry Amouroux.

Les fondateurs rappellent tout de même que le but du site n’est pas d'apporter une aide psychologique. Mais si un soutien psychologique est nécessaire pour un infirmier, il sera guidé vers une plate-forme spécialisée.

Une profession en grande souffrance 

A la pénibilité propre du métier  d’infirmier (travail de nuit, en horaires alternés, auprès de malades, etc...), s'ajoutent des manques d'effectifs et les cadences infernales. "Souvent, le problème n'est pas médical, mais lié à l'impossibilité du travail bien fait", estiment les syndicats.  

"Des personnes qui souhaitent travailler dans les règles de l'art se heurtent à des organisations qui sacrifient la qualité du travail", dénoncent-ils. Pire, "depuis juillet 2016, 12 professionnels infirmiers se sont donné la mort, soit sur leur lieu de travail, soit en laissant une lettre explicite" sur leur souffrance au travail, assurent les syndicats.

La "pression psychologique" s'est aussi "aggravée ces dernières années avec la peur des agressions", qui ont touché 10.800 infirmiers en 2017, selon l'Observatoire national des violences en milieu de santé, et sont à l'origine d'un mouvement de grève entamé mi-mars aux urgences de l'hôpital parisien Saint-Antoine, qui a depuis fait tache d'huile.

Fin 2017, l'organisation Action praticiens hôpital (APH), qui regroupe une dizaine de syndicats de médecins, dentistes ou encore pharmaciens, avait elle aussi lancé son observatoire de la souffrance au travail, dans un contexte de "dégradation des conditions de travail" à l'hôpital.

 

 

Commentaires

Connectez-vous Ă  votre compte franceinfo pour participer Ă  la conversation.