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Fermeture des urgences de Senlis : "Il y a un risque vital, cela préoccupe tous les habitants", confie la maire

Les urgences de l'hôpital de Senlis ont fermé lundi 13 décembre à cause du manque de médecins urgentistes et de soignants. La maire demande à rencontrer le ministre de la Santé.

Article rédigé par franceinfo
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Pascale Loiseleur, maire de Senlis et vice-présidente du conseil de surveillance de l'hôpital de Senlis. Photo d'illustration en 2011. (ARNAUD DUMONTIER / MAXPPP)

"Il y a un risque vital, cela préoccupe tous les habitants", confie la maire de Senlis et vice-présidente du conseil de surveillance de l'hôpital de Senlis Pascale Loiseleur mardi 14 décembre sur franceinfo, au lendemain de la fermeture des urgences de l'hôpital pour une durée indéterminée en raison d'un manque de médecins.

franceinfo : Pourquoi les urgences de Senlis ont-elles fermé ?

Pascale Loiseleur : Par manque de médecins urgentistes mais aussi de personnels soignants. Dans ce grand bassin de vie d'environ 100 000 personnes, il y a des habitants qui sont à plus d'une demi-heure maintenant des urgences de Creil. Ce qui nous inquiète beaucoup c'est qu'il n'y a aucune date de réouverture annoncée, que le Smur, le service médical d'urgence et de réanimation, qui était à Senlis est parti à Creil. C'est la raison pour laquelle nous avons manifesté samedi 12 décembre. J'ai rencontré à plusieurs reprises le directeur général de l'ARS des Hauts-de-France mais malheureusement, contrairement à cet été où les urgences avaient déjà fermé, il n'y a aucune date annoncée de réouverture. Nous sommes très inquiets. Il faut recruter des médecins mais, pour pouvoir les recruter, il faut déjà les former. Il faut davantage de médecins formés dans le pays. Il faut également travailler avec la médecine de ville parce qu'il y a des patients qui arrivent aux urgences. Les urgences sont encombrées. Il faut un travail plus constant et plus important avec la médecine de ville, mais surtout il faut absolument rouvrir ce service des urgences à Senlis parce que nous en avons besoin, les habitants en ont besoin. Il n'est pas normal que des habitants doivent faire plus de 40 minutes de routes pour aller dans un service d'urgence.

La direction dit que les urgences pourraient rouvrir après recrutement de trois à quatre médecins urgentistes. Qu'est-ce qui empêche ces recrutements ?

Les médecins urgentistes ne se trouvent pas facilement et nous trouvons qu'il est quand même très inquiétant de fermer un service des urgences alors même qu'un plan blanc est annoncé dans les Hauts-de-France. (…) De jeunes médecins étaient arrivés du CHU d'Amiens mais malheureusement ils sont repartis, ce qui est tout à fait dommage parce que je pense que le Groupe hospitalier public du Sud de l'Oise (GHPSO) est un hôpital qui peut redevenir attractif avec des moyens. Malheureusement, dans le cadre du Ségur de la Santé, les moyens ont été octroyés à Creil, à hauteur de 35 millions d'euros, et pas à Senlis qui ne bénéficiera que de 500 000 euros d'investissements et nous le regrettons.

Nous avons l'impression d'être oubliés, que le site de Senlis est en train de disparaître à petit feu depuis la fusion qui a eu lieu il y a une dizaine d'années maintenant. Je souhaite rencontrer en urgence le ministre de la Santé pour expliquer ces problèmes et demander aussi qu'il y ait un équilibre des activités, un équilibre de l'offre de soins entre le site de Senlis et le site de Creil, parce que la perte d'activités et la perte de service à Senlis ne bénéficie pas à Creil, puisque ce qu'il se passe, c'est qu'il y a une fuite des patients vers d'autres établissements hospitaliers que celui de Creil, car les urgences de Creil ont besoin d'être rénovées, car les gens n'ont pas toujours confiance malheureusement. Certains partent vers le privé, et malheureusement les gens font parfois encore plus de kilomètres. C'est une situation vraiment préoccupante à laquelle il faut remédier au plus vite.

Cet éloignement des urgences présente-t-il des risques pour la santé des patients ?

Clairement. On sait que quand il y a des problèmes par exemple cardiaques, il faut réagir très vite et quand vous êtes à Nanteuil-le-Haudoin, à l'Est de Senlis, ou à Mareuil-sur-Ourcq, vous devez faire 40 kilomètres sur des routes qui ne sont pas très bonnes, il y a un risque vital. Cela préoccupe tous les habitants. On sent qu'il y a une dégradation de l'offre de soins dans le bassin de vie. Cela concerne non seulement la problématique de l'hôpital public, en particulier des services d'urgences, mais également le départ de nombreux services toutes ces dernières années vers Creil. Cela concerne également la médecine de ville avec un manque de médecins généralistes notamment, mais aussi un manque de spécialistes. Le maire de Nanteuil-le-Haudoin expliquait l'autre jour que dans sa commune, qui est quand même une commune de plusieurs milliers d'habitants, il n'y a plus du tout de médecins.

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