Grève des internes en Angleterre, du jamais vu depuis 40 ans
Le mouvement, qui doit durer 24 heures, ne concerne pas les services d'urgence.
En revanche, les rendez-vous pour des traitements de routine, des examens ou des opérations ont été déprogrammés, selon la direction du système de santé publique (NHS) en Angleterre, qui a comptabilisé plus de 4.000 annulations et reports rien que pour les opérations.
Quant aux patients, ils ont été appelés à ne se rendre à l'hôpital qu'en cas de réelle urgence, quelque 16.000 des 26.000 internes qui devaient travailler mardi ayant fait grève.
Le mouvement social a été provoqué par la décision du gouvernement d'introduire un nouveau type de contrat destiné à améliorer le service rendu dans les hôpitaux la nuit et le week-end. "Nous voulons un accord équitable pour les médecins tout en nous assurant que nous pouvons tenir notre engagement en vue d'un service de qualité 24 heures sur 24, sept jours sur sept", a déclaré le 12 janvier un porte-parole du gouvernement, soulignant qu'en cas d'attaque cérébrale un week-end, le taux de mortalité est actuellement de 20% supérieur à celui enregistré en semaine.
Mais selon les médecins, il aboutira surtout à une dégradation de leurs conditions de travail et à une réduction de leur salaire. "Actuellement, nous travaillons dans le cadre de la directive européenne sur le temps de travail, soit en moyenne 48 heures. Le gouvernement essaye de faire sauter cette limite, ce qui pourrait se traduire par des semaines de 50-60 heures", a souligné Ben Brazier, un interne en grève.
Avec les nouvelles conditions salariales que veut mettre en place le gouvernement, les hôpitaux ne seraient plus redevables d'une amende s'ils faisaient travailler les internes pendant trop d'heures. De plus, certains horaires auparavant considérés comme étant hors des horaires normaux (par exemple le samedi) ne le seront plus, et donneront donc lieu à des rétributions plus faibles. En échange, le gouvernement a offert une hausse de 11% du salaire de base, mais les internes estiment qu'ils y perdront.
"Les médecins pourront être forcés de travailler plus longtemps pour le même salaire, ce qui n'est sûr ni pour nous, ni pour les patients", a résumé Lina Carmona, une interne en grève devant l'hôpital londonien UCH. C'est la première fois depuis 1975 que les "junior doctors" - qui exercent sous ce statut pendant une bonne dizaine d'années et qui sont actuellement au nombre de 53.000, soit un tiers du corps médical, en Angleterre - font grève pour défendre leurs conditions de travail.
Deux autres mouvements de grève sont planifiés, pour le 26 janvier et pour le 10 février 2016.
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