Vaccins : la décision du Conseil d'Etat est "juste impossible" à appliquer
Le Conseil d'Etat a estimé, mercredi, que les vaccins obligatoires devaient être disponibles sans association avec d'autres vaccins. Le professeur Robert Cohen, infectiologue et pédiatre, juge jeudi sur franceinfo cette décision problèmatique.
L'injonction du Conseil d'Etat à rendre les trois vaccins obligatoires disponibles, sans association avec d'autres vaccins, est "juste impossible" à mettre en place pour le professeur Robert Cohen, infectiologue, pédiatre et coordinateur du réseau d'information sur les vaccins Infovac, interrogé jeudi 9 février sur franceinfo.
Aujourd'hui, les trois vaccins obligatoires contre la diphtérie, la poliomiélyte et le tétanos sont forcément associés à d'autres vaccins recommandés mais facultatifs.
franceinfo : Pourquoi depuis 2008, on ne peut plus se procurer d'injections qui ne contiennent que le DT-Polio ?
Robert Cohen : La commercialisation du vaccin précédent a été arrêtée. C'était un vaccin très peu utilisé, parce qu'il y avait un certain nombre d'effets indésirables dans les lots qui étaient disponibles à l'époque. Le laboratoire avait arrêté sa commercialisation. Il n'était en 2008, déjà plus dans le programme de vaccination nationale. À l'époque, on était déjà dans un cocktail de vaccins recommandés mais facultatifs.
Le Conseil d'Etat veut une injection DT-Polio seul. La décision va-t-elle être facile à mettre en oeuvre ?
Non, c'est juste impossible. Certes, il était possible d'obtenir le vaccin DT-Polio, mais en deux injections différentes. Etant donné qu'il faut à chaque fois quatre injections, on arrivait à huit injections au total.
S'oriente-t-on vers un élargissement du nombre de vaccins obligatoires ?
Il n'y a que deux solutions possibles : soit l'arrêt des obligations vaccinales, ce qui fait peur, parce qu'aujourd'hui il y a une défiance vis-à-vis des vaccins.Comme il y a un effet de groupe des vaccins, on risque d'avoir une baisse des couvertures et beaucoup de morts de séquelles liées à ces vaccins. Soit, l'élargissement des obligations vaccinales aux vaccins qui sont aujourd'hui recommandés dans l'enfance. C'est ce qui a été proposé par la concertation citoyenne sur la vaccination [lancée en janvier 2016 et qui a remis ses conclusions novembre].
Elargir les vaccins obligatoires restaurerait la confiance ?
Dans l'idée des gens, les vaccins obligatoires sont les plus importants. Ce n'est pas vrai. En termes de morts et de séquelles, le vaccin contre la rougeole protège au moins autant que celui contre le tétanos, la coqueluche ou la poliomiélyte. Il y a une confusion entre vaccins importants et vaccins recommandés, qui seraient une cerise sur le gateau. S'il ne sont pas obligatoires, c'est parce qu'en 1962 le législateur a décidé que plus rien ne serait obligatoire.
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