Médecins privés de thèse : huit ans d'études et impossible d'exercer
Avant 2012, les étudiants en médecine générale étaient appelés "résidents". Ils avaient six ans pour rendre leur thèse. Depuis une réforme, ils sont devenus "spécialistes", et n'ont plus que trois ans pour passer leur examen final. Passé ce délai, peu importe leurs résultats, ils sont interdits de thèse et leurs neuf années de médecine sont effacées par l’administration universitaire.
Parmi ces médecins "privés de thèse", certains ont exercé en tant que remplaçants, un statut qui n'exige pas d’avoir validé sa thèse. D'autres se sont reconvertis, ou pointent désormais à Pôle Emploi. Seule solution pour débloquer cette situation ubuesque : modifier la loi.
"La situation est intenable", précise Patricia Schillinger, sénatrice du Haut-Rhin (68). "On est en manque de médecins, et on on des médecins formés, des volontés, des talents, qui ont tout de même utilisé l’argent public, seulement, ils n’ont pas pu passer leur thèse. Dans ce pays, on ne peut pas avoir des exceptions. Il faut passer par la loi."
En décembre 2016, un amendement a donc été voté. Il stipule que ces étudiants sont à nouveau autorisés à soutenir leur thèse pour devenir enfin médecins qualifiés "docteurs". En revanche, il pose une condition : exercer dans des zones sous-dotées. Une formule ambigüe d'après Dr Emile Frelat, présidente du syndicat des jeunes médecins généralistes. "Exercer en zone sous-doutée si c’est par exemple pour un stage de 6 mois, pourquoi pas. Si c’est une obligation de s’installer en zone sous-dotée pendant dix ans, là c’est complètement inégalitaire. Donc ça ne va pas être possible", avance-t-elle.
Une commission doit encore définir les contours d’une éventuelles remise à niveau de ces futurs docteurs.
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