Cet article date de plus de cinq ans.

Même profil, même milieu, même façon de penser : la loi santé veut diversifier le recrutement des étudiants en médecine

Le projet de loi présenté mercredi en Conseil des ministres prévoit de réformer les études de médecine. Un des enjeux est d'encourager la diversité des profils.

Article rédigé par Solenne Le Hen - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des candidats pour le concours d'entrée en fac de médecine, à Nice, le 22 mai 2012. (CYRIL DODERGNY / MAXPPP)

C'est l'un des volets du projet de loi de santé présenté en Conseil des ministres mercredi 13 février : la réforme des études de santé, avec notamment la suppression du numerus clausus. L’objectif est d’augmenter d’environ 20% le nombre de médecins formés, de diversifier le recrutement des étudiants pour obtenir des profils différents, des "intelligences diverses", selon le gouvernement. 

Les étudiants en médecine rencontrés dans une faculté parisienne le reconnaissent eux-mêmes, ils ont le même profil scolaire : "On sort presque tous d'un bac S, presque tous d'une mention très bien ou bien". Les exceptions sont très rares : "Il y a deux ou trois étudiants par promo qui viennent d'ailleurs, sur 400". Les étudiants viennent aussi des mêmes milieux sociaux : "Les parents sont des CSP+, incluant les médecins, forcément", "Je pense qu'il y a plus de Blancs", "il y a moins de 10% de boursiers en médecine", racontent les premiers concernés.

Ce sont des études difficiles qui engagent peut-être à avoir beaucoup d'argent pour les poursuivre.

Un étudiant en médecine

à franceinfo

Si les études sont gratuites en France, Idriss explique que pour réussir sa première année de médecine, ses parents lui ont payé en plus une prépa privée : "Si on ne pouvait pas se payer cette prépa, on perdait clairement des chances. Une prépa privée, c'est au moins 1 000 euros, mais ça peut être beaucoup plus."

Même études, même milieux sociaux, même façon de penser aussi : "On nous demande de résumer en QCM. On ne résonne pas du tout comme les scientifiques. Parfois, les scientifiques qui arrivent en médecine ont justement cet apport, cette curiosité que nous n'avons plus du tout en médecine. En fait, on est un peu façonné pour apprendre nos algorithmes, réfléchir par réflexe et c'est vrai qu'on raisonne un peu tous pareil", confie le jeune homme.

Ouvrir des horizons et privilégier le pluri professionnalisme

Dans l'ensemble, les étudiants en médecine se disent favorables à davantage de brassage. L'idée de la réforme, c'est de créer davantage de passerelles. Des étudiants venus d'autres cursus pourront plus facilement accéder à une deuxième ou troisième année d'études de santé. Par exemple, un étudiant pourra intégrer une deuxième ou troisième année de médecine après un ou deux ans de biologie, d'histoire ou même de philosophie.

"Nos lycéens qui réussissent actuellement sont des lycéens bac S mention bien ou très bien essentiellement, explique Jean Sibilia, président de la conférence des doyens des facs de médecine. Ce sont d'excellents lycéens, qui font d'excellents docteurs, il n'y a pas de débat. Mais, comme on l'a montré dans d'autres secteurs comme les écoles d'ingénieurs, la diversification dans les études de santé est certainement une bonne chose. Quand vous êtes ensemble avec la même formation, vous discutez peut-être toujours de la même chose. Le fait de venir d'horizons différents doit normalement ouvrir votre esprit à des discussions différentes, des projets différents et un pluri professionnalisme. C'est très à la mode, c'est le pari qu'on fait."

Les étudiants qui viendraient d'autres filières auraient des compléments de formation pour rattraper leur retard. Les universitaires rassurent : les exigences pour être médecins seront toujours les mêmes.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.