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Savons antibactériens : quatre questions sur le triclosan et le triclocarban, désormais interdits aux Etats-Unis

L'Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments estime que ces substances peuvent représenter un risque pour la santé sans être efficaces contre les microbes.

Article rédigé par franceinfo
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Une bouteille d'un savon antibactérien pris en photo le 17 décembre 2013 à Miami (Etats-Unis). (JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Triclosan et triclocarban : si vous ne les connaissez pas, retenez bien ces mots. Ces deux substances, ainsi que dix-sept autres, sont interdites par l'Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments, la FDA. La décision a été annoncée vendredi 2 septembre. Les fabricants disposent d'un an pour retirer les substances incriminées de leurs produits ou retirer ces derniers du marché.

Franceinfo revient sur les questions qui se posent autour de ces substances jugées nocives, que l'on retrouve pourtant dans beaucoup de nos savons antibactériens, dentifrices ou talc pour bébé.

 Qu'est-ce que le triclosan et le triclocarban ?

Le triclosan, ou 5-chloro-2-(2,4-dichlorophénoxy)phénol, est un biocide (une substance qui tue les micro-organismes) utilisé depuis les années 70 dans le lavage chirurgical des mains

Tandis que le triclocarban (TCC), ou 3,4,4'-trichlorocarbanilide, est une substance chimique qui présente des propriétés antibactériennes et antifongiques.

Où en trouve-t-on ?

Produits ménagers, jouets, vêtements ou linges de maison traités anti-odeur ou antibactérien, mais aussi fils de suture, cathéters, sacs poubelle… Difficile d'échapper au triclosan. Ce biocide est aussi présent dans de nombreux savons, gels douche, gels hydro-alcooliques, déodorants ou dentifrices. La liste ne s'arrête pas là : on en trouve également dans le talc pour bébé.

Quant au triclocarban, il est lui aussi utilisé dans certains savons, solutions moussantes antiseptique, bactéricide et fongicides, ainsi que les solutions désinfectantes et produits d'entretien. Mais aussi dans des médicaments, notamment les traitements locaux utilisés dans la dermatologie gynécologique.

Que leur reproche-t-on ?

Une exposition sur une longue durée à ces substances contenues dans des produits antibactériens peut présenter des risques pour la santé, comme provoquer une résistance microbienne et affecter le système hormonal. Ils sont aussi suspectés de favoriser le développement de certains cancers, les malformations congénitales, d'altérer la fertilité, d'induire la puberté précoce…

Dès 2007, une étude de l'université de Californie à Davis publiée dans Science Daily (en anglais) montrait une amplification significative de l'activité de la testostérone par le TCC, à la fois in vitro et in vivo. In vivo, l'exposition des rats au triclocarban entraîne une augmentation substantielle du poids des organes génitaux et de la prostate.

Une étude publiée par l'UFC-Que choisir en avril 2013 attirait l'attention sur "l'effet cocktail" de différentes molécules présentes dans les produits d'hygiène et soupçonnées d'être des perturbateurs endocriniens. Car nous utilisons, chaque matin, savon, shampooing, dentifrice, déodorant, crème pour le visage et parfois aussi pour le corps, et, pour certaines femmes, du maquillage.

Par ailleurs, abuser des savons antibactériens quand cela n'est pas nécessaire, c'est aussi affaiblir son système immunitaire.

Quelle est la législation européenne ?

Dans les produit cosmétiques, la Comission européenne a fixé la concentration maximale du triclosan dans le produit fini à 0,3%. Le triclosan est également autorisé dans les bains de bouche, mais à une concentration maximale de seulement 0,2%. En revanche, ils sont interdits dans tous les produits de rasage depuis le 30 octobre 2014.

Par ailleurs, la Commission, malgré des délais échus depuis fin 2013, n'a toujours pas publié de définition de "perturbateur endocrinien". Or, plusieurs règlements européens prévoient des mesures de protection des populations contre l'exposition aux perturbateurs endocriniens conditionnées à l'adoption formelle de la définition. 

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