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Isolement des personnes âgées : "530 000 personnes, soit l'équivalent de la ville de Lyon" n'ont aucun contact, souligne une étude des Petits frères des pauvres

Deux millions de séniors disent n'avoir ni famille, ni amis, contre 900 000 en 2017, indique Yann Lasnier, délégué général des Petits frères des pauvres.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une personne âgée tient un téléphone. Photo d'illustration. (PHILIPPE TURPIN / MAXPPP)

"L'absence de lien social est une douleur indicible", explique sur franceinfo jeudi 30 septembre, Yann Lasnier, délégué général des Petits frères des pauvres, alors que le baromètre de l'association estime à environ un demi-million le nombre de seniors en situation de "mort sociale". "530 000 personnes, c’est l'équivalent de la ville de Lyon aujourd'hui, qui n'ont de contact avec personne", insiste-t-il.

"C’est l’affaire de tous" et cela "doit faire partie de notre devoir d'humain, de notre devoir de citoyen de pouvoir agir auprès de ces personnes", poursuit-il. Surtout que "ces problématiques d'isolement social, selon les cercles de sociabilité vont s'amplifier."

franceinfo : Le nombre de personnes âgées coupées de tout lien a quasiment doublé depuis 2017. On parle de gens qui n'ont aucun contact ?

Yann Lasnier : On parle de personnes en situation de mort sociale, c’est-à-dire coupées de la totalité de leurs cercles de sociabilité, que ce soit familial ou associatif. 530 000 personnes, c’est l'équivalent de la ville de Lyon aujourd'hui, qui n'ont de contact avec personne. Et ce chiffre était de 300 000 en 2017. Nous sommes donc face à une augmentation de 77%.

Pourquoi est-on dans cette situation ? Il y a eu la crise sanitaire, mais y-a-t-il aussi des raisons structurelles ?

La pandémie a effectivement accéléré des phénomènes de glissement vers le grand isolement social pour des dizaines de milliers de personnes. Mais nous sommes également face à une transition démographique d'ampleur puisque les générations nées après-guerre et jusqu'au début des années 1960 commencent à arriver dans l'âge aujourd'hui et la part des anciens dans nos sociétés va augmenter de manière significative dans les années à venir. Nos sociétés sont aussi face à une vraie rupture démographique d'ampleur sur laquelle il faut travailler.

Autre chiffre alarmant : deux millions de séniors disent ne voir ni famille, ni amis. Ce chiffre-là a doublé en quatre ans ?

Ils étaient 900 000 en 2017, donc ces problématiques d'isolement social, selon les cercles de sociabilité vont s'amplifier. D'où la nécessité de pouvoir générer de véritables mobilisations citoyennes, mais aussi des politiques publiques pour prendre en compte ces phénomènes d'isolement social. C'est l'affaire de tous. Nous repérons tous dans nos cages d'escalier, dans notre rue, dans nos lotissements, des personnes avec soit de l'isolement social, soit de très faibles contacts. Et ça doit faire partie de notre devoir d'humain, de notre devoir de citoyen de pouvoir agir auprès de ces personnes. Pour cela, nous lançons dès aujourd'hui un kit qui s'appelle "Chasseur de solitude" aux côtés de nos bénévoles. Tous les citoyens vont pouvoir s'engager avec quelques facilitations. Il y a tous les renseignements sur le site internet des Petits frères des pauvres.

On ne peut pas se résigner à être seul ?

Nous sommes des êtres sociaux et même si le confinement a été des épreuves vécues de manière totalement différente chez nous, chez nos concitoyens, l'absence de lien social est une douleur indicible. Et effectivement, des gens, malheureusement, qui n'ont pas d'autres choix puisque l'ensemble de leurs cercles relationnels est coupé aujourd'hui, mais nous ne pouvons pas nous satisfaire dans un pays comme la France, de savoir qu’on a plus de deux millions et demi de personnes qui vivent dans des situations d'isolement social.

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