Sensibilisation aux sangs rares : "on a 390 groupes sanguins différents, dont 250 sont considérés comme rares" explique un hématologue

La France est "l’une des banques les plus riches" de sangs rares, avec près de "8 500 poches congelées" explique Jacques Chiaroni, hématologue et directeur de l’Etablissement Français du Sang (EFS) sur France Inter.
Article rédigé par franceinfo
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Une bénévole lors d'une collecte de don de sang organisée par l’Etablissement Français du Sang (EFS), à Poitiers (Vienne), le 23 septembre 2022. (JEAN-FRANCOIS FORT / HANS LUCAS)

"On décrit aujourd’hui 390 groupes sanguins différents, dont 250 sont considérés comme rares" explique lundi 29 janvier sur France Inter Jacques Chiaroni, hématologue et directeur de l’Etablissement Français du Sang (EFS) PACA-Corse, à l’occasion du lancement de la semaine de sensibilisation aux sangs rares par l’EFS.

Le sang rare est décrit par l’hématologue comme "des groupes sanguins peu communs qui peuvent sauver des vies, un sang dont le groupe sanguin a une fréquence inférieure à 4‰ (4 pour mille)" d’où l’importance pour l’EFS de lancer cette semaine de sensibilisation aux sangs rares car "des centaines de milliers de Français en sont porteurs sans le savoir". L’EFS estime qu’entre "13 000 et 15 000 personnes sont identifiées dans un registre du Centre national de référence pour les groupes sanguins" mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, car "en France, potentiellement, il y a près d'un million de personnes qui peuvent être porteurs de ces groupes sanguins".

La France "a des réserves" de ces sangs rares, c’est même "l’une des banques les plus riches", avec près de "8 500 poches congelées" qui peuvent être utilisées "pendant 30 ans" contrairement à "une poche de sang classique, qui peut être utilisée pendant 42 jours", explique Jacques Chiaroni. Mais "nous n'avons pas toute la gamme de groupes sanguins qui peuvent exister" regrette-t-il. Les EFS doivent donc parfois demander à des banques à l’étranger de les fournir, ou eux-mêmes fournir d’autres pays dans le cadre d'échanges.

Une grande diversité génétique en Afrique

Il existe "une véritable géographie des groupes sanguins" avec certains groupes qui "sont rares dans toutes les populations" et d’autres qui ne sont rares que "dans certaines populations, mais fréquents dans d’autres", ce qui explique cette difficulté à avoir une banque exhaustive.

Par exemple, certains sangs sont "plus résistants au paludisme", très présents "dans les populations exposées" mais "malheureusement, cela peut entraîner des blocages transfusionnels pour les populations qui sont en mouvement et ne donnent pas leur sang", très problématiques en cas "d'hémorragies liées à des accidents ou d'accouchement, mais surtout en cas de pathologies, en particulier les pathologies de l'hémoglobine qui font appel à des transfusions régulières".

Ainsi, "les populations d’origine africaine sont un peu plus exposées que d’autres à cette problématique, car il existe plus de groupes sanguins spécifiques en Afrique qu’ailleurs. L’Afrique a aujourd’hui, la diversité génétique la plus importante au monde", précise Jacques Chiaroni.

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