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Sida : "Il faut toujours se saisir de toutes les occasions pour se faire dépister", souligne une immunologiste

La journĂ©e mondiale de lutte contre le sida a lieu mercredi. "On estime que 30 000 personnes vivraient avec le VIH et ne le savent pas", rappelle la spĂ©cialiste du VIH Marina Karmochkine.

Article rédigé par franceinfo
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Dans un centre de dépistage du VIH à Limoges. Photo d'illustration. (THOMAS JOUHANNAUD / MAXPPP)

"On est dans une phase extrĂȘmement dynamique de la recherche thĂ©rapeutique contre le VIH", a expliquĂ© mercredi 1er dĂ©cembre sur franceinfo Dr Marina Karmochkine, immunologiste spĂ©cialiste du VIH au Centre de diagnostic et de thĂ©rapeutique de l'HĂŽtel-Dieu Ă  Paris, à l'occasion de la journĂ©e mondiale de lutte contre le sida. En raison de l'Ă©pidĂ©mie de Covid-19, les dĂ©pistages et campagnes d'informations ont Ă©tĂ© moins nombreux. Il y a 6 200 nouveaux cas chaque annĂ©e en France et 13% des personnes contaminĂ©es ont moins de 25 ans.

franceinfo : La pandémie a-t-elle eu un impact sur les dépistages ?

Marina Karmochkine : En termes de chiffres on est sur une pĂ©riode attentiste. On ne sait pas ce qui va se passer dans les mois qui viennent, il est possible qu'il y ait une explosion des dĂ©pistages. Mais il faut toujours se saisir de toutes les occasions pour se faire dĂ©pister Ă  partir du moment oĂč on a une vie sexuelle active et pas toujours protĂ©gĂ©e, il faut savoir se faire dĂ©pister pour le VIH. Si on se sait sĂ©ropositif on a accĂšs Ă  un traitement et on a fait beaucoup de progrĂšs en matiĂšre de thĂ©rapeutique et cela serait dommage de s'en passer.

A-t-on une idée de nombre de personnes qui sont séropositives sans le savoir ?

On estime que 30 000 personnes vivraient avec le VIH et ne le savent pas, donc qui se mettent en danger elles-mĂȘmes et leurs partenaires.

À quel stade dĂ©couvre-t-on sa sĂ©ropositivité ?

Un tiers des gens dĂ©couvrent leur infection tardivement, c'est-Ă -dire au moment d'une complication comme une infection opportuniste, c'est-Ă -dire quand les dĂ©fenses immunitaires sont abaissĂ©es, qu'on est fatiguĂ©. Les autres personnes dĂ©couvrent leur infection par le VIH Ă  l'occasion d'un test qui peut ĂȘtre fait auprĂšs du mĂ©decin traitant, ou d'un autotest, ou dans un laboratoire, ou Ă  l'occasion d'une hospitalisation.

Le dĂ©pistage sans ordonnance et gratuit dans les laboratoires va ĂȘtre Ă©tendu Ă  la France entiĂšre. Est-ce une bonne chose ?

Bien sûr. Tout ce qui permet de rattraper les occasions de dépistages manqués sont une bonne chose. C'est toujours terrible de voir des gens qui sont dépistés avec une pneumocystose pulmonaire comme dans les années 1980. Donc, il faut dépister largement.

OĂč en est la recherche ?

Les patients sĂ©ropositifs ont le sentiment qu'on les a oubliĂ©s pendant ces deux annĂ©es de Covid. Mais pas du tout. Les traitements progressent chaque mois. Les progrĂšs peuvent ĂȘtre des traitements plus faciles Ă  prendre. Beaucoup de patients ne prennent qu'une pilule par jour, cela peut aussi ĂȘtre des produits plus lĂ©gers ou sous une autre forme comme des intramusculaires.

TrĂšs prochainement il y aura d'autres formes d'administration comme des injections sous-cutanĂ©es ou des traitements oraux une fois par semaine. On est dans une phase extrĂȘmement dynamique de la recherche thĂ©rapeutique contre le VIH. Il y a vraiment des progrĂšs spectaculaires. Le traitement aujourd'hui est beaucoup plus facile Ă  prendre, il est mieux tolĂ©rĂ© et permet d'avoir une espĂ©rance de vie normale.

La recherche d'un vaccin continue-t-elle ?

Oui, elle continue, il y a des dizaines de laboratoires et de chercheurs qui travaillent sur le vaccin depuis le dĂ©but. MĂȘme si la recherche avance, pour le moment les rĂ©sultats sont nĂ©gatifs. On n'a pas aujourd'hui de vaccin prĂ©ventif contre le VIH.

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