Patrice Janiaud : « Acceptez les séropositifs, ils ne sont pas contagieux »
24 ans après avoir été embrassé par Clémentine Célarié, en direct de la première édition du Sidaction, Patrice Janiaud raconte le regard des autres, les thérapies et les capotes.
En plein direct de la première édition du Sidaction, en 1993, Clémentine Célarié embrasse Patrice Janiaud, un jeune séropositif. 24 ans après, il se souvient. Pour lui, ce baiser « a été la photo qui a réduit la totalité de ce Sidaction en un seul geste « hé, nous sommes des gens normaux ». » Il se rappelle qu’à cette époque « on était vraiment les pestiférés. Moi, les personnes à qui je serrais la main, ils allaient se laver les mains dès l’instant où ils savaient que j’étais séropositif. »
Le regard des autres, « il faut être capable de l’accepter »
Patrice Janiaud note que malgré des avancées considérables, peu de choses ont changé au niveau du regard des autres : « Quoiqu’il en soit, il y aura toujours ce regard en coin. Automatiquement si on sait que vous avez le sida, vous avez en face de vous le clientéliste absolu qui est digne d’aller à la SPA avec un regard de pitié qu’ils ont sur vous comme ils auraient sur un chien. » Et ça, selon lui, « il faut être capable de l’accepter. »
Ce regard des autres, il a des impacts dans toutes les sphères de la société. Dans certaines entreprises, il rappelle que « le fait d’être séropositif est toujours une condition quasi sine qua non de mise au placard. » Dans un couple séro-divergent aussi, c’est-à-dire un séropositif et une personne séronégative, « il y aura toujours une épée de Damoclès, au moins dans la pensée. » estime Patrice Janiaud.
Même si « on peut vivre avec, on n’est jamais à l’abri de quoi que ce soit »
Il souhaite néanmoins souligner « les pas de géants » qui ont été faits dans la recherche contre la maladie. Mais, selon lui, même si « on peut enfin vivre avec, on n’est jamais à l’abri de quoi que ce soit. Il y a encore des gens qui meurent du sida à notre époque. »
D’ailleurs, il souhaite alerter ceux qui estiment qu’aujourd’hui, comme on peut vivre du VIH, les capotes ne seraient pas nécessaires. Or, « porter une capote pendant plus de 20 ans, là ça pèse lourd. Mais porter une capote pendant trois, quatre, cinq mois le temps de faire un ou deux examens, de voir où est-ce qu’on en est sur le plan sérologique, une capote ça ne pèse rien. » indique-t-il. Et il parle en connaissance de cause : « d’accord on a des médicaments. Mais ils bousillent quoi ? Moi avec les quadrithérapies ça a été le cœur qui a été touché, les polynévrites, les encéphalites virales, les vomissements, les 17 diarrhées par jour. Si vous êtes prêts à vivre ça : ok, faites sauter la capote. Allez-y, éclatez-vous, mais en toute connaissance de cause. »
Enfin, son message c’est qu’il faut « accepter les différences. Acceptez les séropositifs, ils ne sont pas contagieux. Tant que vous ne ferez pas de sexe avec eux, tant que vous ne partagez pas une pompe pour vous shooter, vous ne risquez rien. »
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