Cancer du col de l'utérus : fin de l'enquête sur le vaccin Gardasil
Non-lieu pour le Gardasil. La juge parisienne chargée d'instruire les plaintes concernant le vaccin contre le cancer du col de l'utérus a terminé ses investigations, sans avoir prononcé de mise en examen, a appris le 23 octobre l'AFP de sources concordantes.
Début août, la magistrate a informé avoir clôturé son enquête, a indiqué une source judiciaire. Ceci ouvre un délai de trois mois pour les observations des parties et les réquisitions du parquet, avant une décision finale de la juge sur le dossier. Aucune mise en examen n'ayant été prononcée au cours des investigations, ceci ouvre logiquement la voie à un non-lieu.
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"Une pensée pour toutes les femmes qui ont porté plainte"
"Nous avons une pensée pour toutes les femmes qui ont porté plainte et qui attendent le résultat de cette instruction", a réagi auprès de l'AFP Capucine de Rohan-Chabot, avocate d'une des plaignantes, qui avait développé des symptômes de la maladie de Verneuil (une maladie chronique de la peau) peu après avoir reçu deux injections du vaccin.
"Il me paraît probable que l'on se dirige vers un non-lieu, ce qui m'amènera à saisir la chambre de l'instruction", a pour sa part commenté Jean-Christophe Coubris, avocat de Marie-Océane Bourguignon, une jeune femme qui avait symbolisé en 2013 le combat judiciaire contre ce vaccin développé et commercialisé par le groupe américain Merck.
"J'estime que toutes les investigations n'ont pas été menées, dont l'étude d'autorisation de mise sur le marché (AMM) à l'Agence européenne des médicaments (EMA), où l'audition d'un médecin mettrait en évidence que des anomalies constatées sur le dossier ont été volontairement écartées par l'EMA, ce que je considère comme inacceptable", a expliqué Maître Coubris.
Première plainte en 2013
Marie-Océane Bourguignon avait décrit un calvaire après la prise du vaccin : de puissants vertiges, des symptômes proches de la sclérose en plaques, jusqu'à une attaque qui l'avait laissée sur un fauteuil roulant. Son état s'était ensuite stabilisé.
Elle avait été la première à déposer une plainte en 2013, mais celle-ci avait été classée en octobre 2015 par le parquet de Paris, au motif qu'il n'y avait pas de lien direct entre ce vaccin et des pathologies du système nerveux. La jeune Landaise avait dans la foulée déposé une plainte avec constitution de partie civile afin d'obtenir la reprise d'investigations par un magistrat instructeur.
"Atteinte à l’intégrité de la vie humaine"
Une information judiciaire avait alors été ouverte en avril 2016 pour "atteinte involontaire à l'intégrité de la vie humaine" et "tromperie aggravée", selon des sources concordantes.
Le 27 novembre 2018, la société MSD Vaccins, entité qui exploite les vaccins du groupe Merck en France, était entendue par la juge d'instruction et placée sous le statut de témoin assisté, signifiant qu'elle n'est pas mise en examen.
Vaccination recommandée pour les filles
En France, le vaccin contre les papillomavirus humains (HPV) est recommandé pour toutes les filles entre 11 et 14 ans (avec rattrapage éventuel entre 15 et 19 ans), ainsi que pour les hommes de moins de 26 ans ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes.
L'Académie nationale de médecine a dans un rapport récemment rendu public insisté sur la "nécessité" selon elle de vacciner aussi les garçons entre 11 et 14 ans. Une technique de lutte contre le cancer du col de l’utérus qui, quand elle s’accompagne d’un dépistage régulier fait ses preuves dans plusieurs pays comme par exemple l’Australie où des campagnes de vaccination gratuites chez les filles depuis 2007 mais aussi chez les garçons depuis 2013 ont été mises en place. Depuis, le pays se targue d’être en passe d’éradiquer le cancer du col de l’utérus d’ici 10 à 20 ans.
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