Le stealthing, une agression sexuelle en augmentation
En avril 2017, Alexandra Brodsky a jeté un pavé dans la mare via son étude, parue dans le Columbia Journal of Gender and Law. Un travail édifiant, grâce aux témoignages de femmes ayant subi un stealthing. Une pratique difficile à qualifier (littéralement stealthing signifie furtif), éprouvante à révéler et compliquée à condamner juridiquement. Et pourtant…
D'après l'auteure de l'étude, la pratique est beaucoup plus répandue qu'on ne le croit. En ligne, de nombreuses victimes, en très grande majorité des femmes, s'en plaignent et un certain nombre de ses "adeptes" s'en glorifient. Celles qui osent en parler se voient contraintes de prendre le traitement post-exposition, une trithérapie contre le VIH durant les premières semaines, en attendant un résultat définitif.
Après un rapport à risque, les principales IST sont également recherchées, tout comme une grossesse, s'il n'y avait pas d'autre moyen de contraception que le préservatif. L'attente des résultats majore le stress et le mal-être. Pourtant, la justice peine à reconnaître cet acte et à le réprimander.
Détresse immense des victimes
Outre les risques médicaux encourus, les femmes vivent ce qui s'apparente à une réelle agression sexuelle. L'auteure de l'étude décrit la détresse immense des victimes, qui ne savent pas comment qualifier ce qu'elles ont vécu. Elles se sentent trahies et ressentent une véritable violation de leur intimité et de leur consentement.
Un viol ? Si pour certains le terme est excessif, Alexandra Brodsky le trouve justifié : le stealthing s'apparente à un viol du fait d'une pénétration sans consentement. Plusieurs avocats américains mènent d'ailleurs un combat dans ce sens. Qualifier la pratique de délit permettrait d'alourdir la sentence. En France, le viol est ainsi défini : "tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol". La surprise sera-t-elle retenue dans le cas du stealthing ?
En Suisse, un homme a été condamné à douze mois de prison avec sursis, pour avoir retiré son préservatif sans le consentement de sa partenaire. Le début d'une prise de conscience de la gravité de l'acte ? Espérons-le.
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