Les infirmiers anesthésistes en colère
Depuis soixante ans, les infirmiers anesthésistes n'ont jamais été revalorisés à la hauteur de leur compétence.
Aujourd'hui, l'article 30 de la loi santé prévoit la création de "professions intermédiaires" qui donnent accès au statut particulier de professionnels médicaux en "pratiques avancées". Cette disposition permet aux professionnels concernés de travailler en autonomie, c'est-à-dire d'établir une évaluation clinique, de définir un diagnostic et de réaliser un acte technique. De fait, de par leur expertise en anesthésie et en soins d'urgences, les IADE sont déjà des infirmiers en "pratiques avancées".
Laurent Krzyzaniak, président de l'Association des infirmiers anesthésistes de France, explique dans une tribune du Nouvel Obs :
"Dans la nouvelle loi santé, nous assistons à la création d'une nouvelle classe de paramédicaux : les professions intermédiaires (ou infirmiers de pratique avancée). Cette nouvelle catégorie se voit reconnaître autonomie, niveau d'études... Tout ce qui nous est refusé depuis si longtemps, avec en plus le risque de voir notre formation vidée de sa substance."
Les infirmiers anesthésistes ne sont donc pas reconnus comme professions intermédiaires alors qu'ils ont pourtant obtenu la reconnaissance de leurs études au niveau master en 2014, et qu'ils remplissent tous les critères les rendant éligibles à un statut équivalent aux infirmiers "en pratiques avancées", mais celui-ci leur est refusé. De plus, les IADE ne sont toujours pas rémunérés sur la base d'une grille indiciaire correspondant à leur niveau d'études.
"Nous ne sommes pas indépendants. Nous sommes autonomes. Notre formation en pharmacologie, physiologie, physiopathologie, nos stages cliniques, nous permettent de détecter les problèmes, de les analyser et d'y répondre. Nous prenons des décisions. Nous agissons. Nous assumons nos responsabilités", déclare Laurent Krzyzaniak .
Ainsi, les infirmiers anesthésistes sont habilités, à condition qu'un médecin anesthésiste puisse intervenir à tout moment, à appliquer de façon autonome les techniques d'anesthésie générale.
La loi reconnaît donc implicitement le fait que le médecin anesthésiste ne peut pas toujours être présent et que l'IADE est en position d’analyser, de décider et d'agir durant la phase peropératoire et le réveil. Les infirmiers anesthésistes sont donc bien en position d'autonomie dans la pratique actuelle de leur métier.
Aujourd'hui intégrés au cadre d'emploi des Infirmiers diplômés d'Etat (IDE) qui regroupent des professionnels au grade de licence, les IADE devraient entrer légitimement dans le statut des professions intermédiaires en pratique avancée. Michel Delauney, député PS, a d'ailleurs demandé à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, de créer dans ce sens "un corps spécifique au sein des professions intermédiaires afin de permettre la reconnaissance des spécificités du métier et mettre un cadre légal sur des pratiques d'ores et déjà quotidiennes".
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