Orthophonistes : les syndicats lancent un appel à la grève
Quand Pierre-Jean est entré à l'école, il ne parlait pas encore. Sa pédiatre lui prescrit alors un bilan orthophonique. Le début d’un casse-tête pour Virginie Rimlinger, sa mère : "c'est mon premier enfant, on s'inquiète toujours... j'avais envie d'agir rapidement pour lui. Le contact a été très long. On m'annonçait des délais de 6/8 mois, voire peut-être même une année".
Virginie Rimlinger mettra finalement un an pour décrocher un premier rendez-vous. Et en Moselle, comme dans beaucoup d'autres départements, le cas de Pierre-Jean n'est pas une exception.
Plusieurs mois d'attente pour obtenir un premier rendez-vous
Jennifer Marighetti a mis six mois pour obtenir un rendez-vous pour sa fille Maëlle, diagnostiquée sourde profonde. Et même avec ce délai, elle a dû appeler vingt-quatre orthophonistes pour que l'un deux la reçoive. "Pour les horaires, c'est très compliqué aussi. Maëlle est scolarisée. Donc c'est le soir, le mardi soir de 18h30 à 19 heures. Le vendredi après-midi où là elle est obligée de manquer l'école pour pouvoir suivre son rendez-vous. Moi, j'ai arrêté de travailler tout simplement pour pouvoir m'occuper d'elle", témoigne la maman.
Sans cette prise en charge, sa fille aurait pris beaucoup de retard dans l'acquisition du langage oral. Selon son orthophoniste, Marine Thiry, "il est très important pour elle de développer le langage oral afin d'être plus autonome parce que effectivement, très peu de personnes au quotidien parlent la langue des signes. Et si elle veut être comprise plus tard, il est très important pour elle de maîtriser la langue française orale".
Des orthophonistes surchargés
Face aux dizaines d'appels hebdomadaires, Marine Thiry n'a pas le choix. Elle étire ses journées de travail. Mais elle ne parvient pas à faire face à tous les demandes, y compris les urgences. Par exemple, pour un AVC, "un bon pourcentage de la récupération se fait dans les trois premiers mois. L'année dernière, j'ai pris en charge un patient qui avait fait un AVC six mois plus tôt. Du coup, on sait que le pourcentage de récupération sera plus faible et peut-être que notre travail aura moins d'impact, même si je pense qu'il sera tout de même bénéfique".
Mieux payer les jeunes orthophonistes
Désengorger les cabinets libéraux passerait aussi par une meilleure reconnaissance du métier d'orthophoniste, notamment en milieu hospitalier. Aujourd’hui, les niveaux de salaire sont tels que les établissements peinent à recruter.
Chantal Aubry, représentante CFTC, estime qu'"un jeune orthophoniste commence effectivement avec un peu plus d'un SMIC. Ce sont des gens qui font maintenant cinq années d'études universitaires, donc qui ont un niveau Master." Selon elle, il est normal que cela les décourage.
Augmenter le numérus clausus, soit le nombre de diplômés chaque année, serait aussi une des solutions pour palier la pénurie d'orthophonistes. Selon les syndicats, il faudra alors donner les moyens aux facultés de former plus d’étudiants.
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