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Chambres de cryothérapie : des bénéfices non prouvés pour les sportifs

SPORT & SANTE - La cryothérapie dite "corps entier", qui consiste à exposer brièvement son organisme au froid dans l’espoir de bénéfices médicaux, gagne en popularité dans les milieux sportifs. Une analyse de la littérature scientifique révèle que les évaluations sérieuses de cette thérapie sur des athlètes sont très rares… et les preuves de ses bénéfices très ténues. Si ces thérapies ont un intérêt pour les sportifs, cela n'est donc, pour l'heure, absolument pas prouvé.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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La cryothérapie est de plus en plus souvent proposée aux sportifs, avec la promesse d'améliorer leurs performances, de prévenir ou réduire leurs douleurs musculaires, et d'accélérer leur récupération. Particulièrement populaires : les séances "corps entier", au cours desquels les athlètes pénètrent deux à trois minutes dans une cabine d’air froid (entre -100°C et -150°C). Une séance coûte entre 30 et 40 euros, non remboursés par la Sécurité sociale.

Des chercheurs membres de la collaboration Cochrane - groupement international d'experts médicaux réputé pour son indépendance et sa rigueur méthodologique - ont récemment passé au crible l’ensemble des études sur cette cryothérapie "corps entier", afin de statuer sur son efficacité réelle... et ses éventuels dangers.

A leur grande surprise, les recherches sur ce sujet sont très peu nombreuses. "En cherchant des études comparant [cette thérapie en chambre] avec une intervention de contrôle (du repos passif ou aucun traitement) ou avec une autre intervention active (immersion dans l'eau froide…)", expliquent-ils, "nous avons trouvé quatre petites études [randomisées et contrôlées] [1]".

L’ensemble de la littérature scientifique sur la cryothérapie en chambre repose donc sur des tests menés sur un total de 60 hommes et 4 femmes, âgés en moyenne de 23 ans. Les chercheurs notent qu'aucune étude ne mentionne de suivi des effets indésirables. En outre, "chacun des quatre essais présentait des caractéristiques de conception qui comportaient un risque élevé de biais, limitant potentiellement la fiabilité de leurs résultats".

Concernant la perception subjective d’une diminution des douleurs, les preuves apportées à l’efficacité de la thérapie sont pour l’heure qualifiées de "très faibles", avec un niveau d’incertitude élevé concernant ses bénéfices. Les données suggèrent l’existence d’un léger effet pour des expositions au froid de 1 à 24 heures après l’effort. L’effet encore plus incertain au-delà, puisque l’analyse statistique ne permet pas d’exclure que la cryothérapie augmente les douleurs !

Des résultats contradictoires concernant la fatigue

L’une des études analysée n’a mis en évidence aucune différence entre groupe traité et groupe contrôle (après 24 heures d’effort) concernant la fatigue - mais suggère un "meilleur bien être". Une autre "n'a observé aucun effet sur le bien-être mais moins de fatigue [pour une séance de cryothérapie] 24 heures après l'exercice", tout en suggérant un léger effet de diminution des courbatures une heure après l'effort, comparé à un traitement par infrarouge...

Conclusion des auteurs : il n'y a pour l'heure "pas suffisamment d'éléments de preuves pour déterminer si la cryothérapie « corps entier » réduit [la sensation de] courbatures ou améliore la récupération subjective après l'exercice (par rapport aux situations de repos passif ou d'absence de cryothérapie) chez les jeunes hommes adultes physiquement actifs". Par ailleurs, il n'existe "aucune preuve sur l'utilisation de cette intervention chez les femmes ou les athlètes d'élite".

"Le manque de preuves sur les effets indésirables est important étant donné que l'exposition à des températures extrêmes présente un danger potentiel". Des recherches "de plus haute qualité et adéquatement consignées dans ce domaine [s’avèrent] nécessaires".

Source :  Whole-body cryotherapy (extreme cold air exposure) for preventing and treating muscle soreness after exercise in adults. J.T. Costello et al. (Cochrane Bone, Joint and Muscle Trauma Group). Cochrane Library, 18 sept. 2015 doi: 10.1002/14651858.CD010789.pub2

[1] Il s’agit, dans les quatre cas, de comparaisons avec des interventions de contrôle.

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